Jusque-là on a beaucoup parlé de Yoko Ono comme chanteuse et comme femme de John Lennon, mais peu comme une artiste contemporaine. Généralement quand on dit Yoko Ono, on pense soit à la sorcière qui a défait les Beatles, soit à sa performance au printemps 1969, Bed-in for Peace (au lit pour la paix), où on la voyait dans une luxueuse suite de l’hôtel Queen Elisabeth de Montréal, au lit, en pyjama avec John Lennon, en fusion amoureuse totale, tous deux entourés de fleurs, manifestant ainsi pour la paix dans le monde, avec le slogan : "La guerre est finie si vous le voulez bien", "Give Peace a Chance".
Mais peu de gens savent que ce petit bout de femme toujours en noir et blanc a commencé sa carrière d'artiste au milieu des années 1950. Qu'elle accueillait déjà en 1960, dans son loft new-yorkais des performances et des concerts auxquels se précipitaient John Cage, Marcel Duchamps ou Jasper Jones. Et que sa première exposition personnelle à New-York en 1961 va renouveler le statut de l'œuvre d'art comme l'explique Thierry Raspail, le patron du Musée d'art contemporain de Lyon, au micro RTL : "Pour elle le point de départ c'est un mot ou une phrase, elle appelle sa une instruction qu'elle offre au public".
C'est d'ailleurs autour d'une œuvre d'art partagée que Yoko Ono a rencontré John Lennon le 9 novembre 1969 à Londres. Il était venu à son exposition Unfinished Paintings and objects (peintures et objets inachevés). Il lui a demandé s'il pouvait planter un clou dans le tableau intitulé Hammer a nail painting. Elle a répondu que cela ne posait pas un problème s'il payait 5 shillings. Ce à quoi il réplique : "est-ce que c'est possible de planter un clou imaginaire". Et au lieu que Yoko se dise "mais quel radin ce type", elle a estimé : "J'ai enfin rencontré quelqu'un qui pense comme moi". Vous verrez le tableau à Lyon, comme vous pourrez vous-même, planter des clous sur des tableaux, monter sur une échelle, jouer aux échecs, réparer une vaisselle cassée, des actes qui selon Yoko Ono contribuent à faire le monde meilleur, précise Thierry Raspail : "Là on est dans un musée, la relation au mobilier change, se modifie et c'est cet écart là qui est important".
C'est vrai que faire cela dans un musée prend un autre sens, comme si tout était possible et permis. Mais n'allez pas croire que la rétrospective de Yoko Ono se résume à planter des clous et jouer aux échecs. Vous découvrirez des œuvres poignantes comme le film qu'elle a réalisé contre les violences faites aux femmes. L'œuvre Ex it, qui est à la fois bouleversante et poétique, puisque Yoko Ono a aligné 100 cercueils de différentes tailles. De chaque cercueil sort une plante fleurie. Et en vous promenant parmi ces cercueils vous entendrez la musique composée par Yoko Ono, tantôt tragique, tantôt gazouillante.
Mais bien sûr , elle a pris soin de choisir sa playlist, de Walking On Thin Ice crée en 1981 à I'm moving on. Vous verrez également des films avec John Lennon. Yoko Ono est dans son élément, elle veut que tout le monde se dise "I Love You" en appuyant sur une torche miniature. L'exposition en noir et blanc est en parfaite adéquation avec son style, sa pensée, qui est un inlassable et obstiné message de paix. Message d’actualité qui ne semble pas prêt de se démoder. Alors si vous voulez la découvrir, elle est au Musée d'art contemporain de Lyon jusqu'au 7 juillet 2016.
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