Comment va la douleur, de Pascal Garnier, vient d'être réédité aux éditions Zulma, pour 9 euros. Un titre inspiré par une expression africaine. Par
endroits, en Afrique, en guise de "bonjour", on dit : "comment
va la douleur" ? Ce n'est pas idiot, sachant que bien rares sont nos
journées parfaites et sans la moindre anicroche. Simon et Bernard en savent
quelque chose. Simon, qui se présente comme "éradicateur de nuisibles"
n'en a plus pour longtemps. Il crache du sang tous les jours mais se tient très
éloigné du corps médical. Bernard, "crétin solaire" de première
catégorie, vit sous l'ombre terrifiante de sa maman Anaïs, rude cinglée qui
confond le rhum Negrita et le petit lait. Bernard a perdu deux doigts dans une
machine-outil. "C'est juste l'auriculaire et l'annulaire; je ne m'en
servais jamais", dit-il. Benêt, mais heureux.
Simon a de
l'argent et Bernard tout son temps. Le premier embauche le second comme
chauffeur, pour une mission courte, entre Vals-les-Bains et le Languedoc. 600
euros, logé nourri. Ça ne se refuse pas. Evidemment, Simon ne tue pas que les
rongeurs et Bernard n'est pas si bête que ça. Leur escapade vers le Sud est
inoubliable : successivement touchante, violente, surprenante, hilarante et
sanglante. En un mot, c'est formidable. C'est l'immense Pascal Garnier qui a
écrit ce bijou, qui se lit en trois heures chrono. Il est mort en 2010, à 61
ans. Une vraie vacherie; parce qu'un manieur de mots de ce calibre, ça ne
court pas les rues.
Tous les dimanches à 9h25, découvrez le coup de cœur littéraire de Bernard Poirette et ses suggestions de lecture pour le week-end.
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