Il est souvent difficile de mettre des mots sur les tragiques événements de vendredi soir, même pour ceux dont c'est le métier et le talent, les écrivains. Frédéric Lenoir, philosophe et spécialiste des religions, a maintenu lundi soir la conférence sur son dernier livre La puissance de la joie (publié aux éditions Fayard), programmée au théâtre des Folies-Bergères à Paris. "On peut se dire qu'on va rester dans la tristesse. Je pense que le chagrin que l'on a - j'ai beaucoup de peine en ce moment au fond de moi- peut cohabiter avec la joie puisque la joie c'est l'amour de la vie", a confié Frédéric Lenoir à RTL.
Les 1400 places des Folies-Bergères étaient quasiment toutes occupées lundi soir, une présence qui n'allait pourtant pas forcément de soi dans les heures qui ont suivi les massacres de vendredi. "Samedi, on s'est appelées, on ne le sentait pas. On n'avait pas très envie de venir, a expliqué cette spectatrice. Hier, on s'est dit sans se parler que c'était quand même dommage car nous avions très envie de venir. On ne va surtout pas faire ce que Daesh a envie que l'on fasse, c'est-à-dire avoir peur et ne plus vivre."
Ils sont nos ennemis. Point barre.
Yasmina Khadra
Autre écrivain particulièrement intéressant à écouter, Yasmina Khadra. L'auteur de L'Attentat a combattu les terroristes islamistes quand il était officier de l'armée algérienne. Jamais, Yasmina Khadra n'avait imaginé assister à une telle barbarie en France. Il crie sa colère au micro de Laissez-vous tenter. "Ils sont nos ennemis. Point barre. Nous sommes tous menacés par ces gens-là puisqu'ils n'ont pas demandé aux gens qui étaient sur les terrasses leur papier ou leur religion. Ils ont mitraillé tout le monde et dans ce carnage on a trouvé toutes les France, toutes les ethnies et toutes les religions. C'est notre ennemi commun."
"Ne pas baisser les bras" dit l'écrivain algérien Yasmina Khadra. Une autre voix s'est exprimée depuis vendredi, celle de Douglas Kennedy. Le plus francophile des romanciers américains possède un appartement au cœur du 10ème arrondissement, touché par les attentats. Il était en train de rentrer à New York vendredi, il a suivi, impuissant, les événements à distance. "Mon cœur est complètement blessé. Un de mes regrets est de ne pas avoir été à Paris. Pour moi c'était à partager avec les voisins. Le plus choquant est que ce sont des jeunes qui ont été attaqués. Le monde a complètement changé depuis le 13 novembre mais la vie doit continuer."