VIDEO - Mariage "homo" : sur RTL, Henri Guaino appelle à la création de "comités locaux pour le référendum"
L'ancien conseiller spécial et plume de Nicolas Sarkozy, député UMP des Yvelines, répondait aux questions de Jean-Michel Aphatie jeudi matin.

Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Henri Guaino :
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Henri Guaino,
Henri Guaino : Bonjour,
La décision présidentielle de faire la guerre au Mali est-elle la bonne ?
Écoutez,
quand la France est en guerre -et c'est une guerre-, ce n'est pas une
petite opération de police. C'est une guerre. Quand la France est en
guerre, nous devons tous être unis derrière nos soldats qui risquent
leur vie. On peut envoyer 2.500 soldats, il y en aura peut-être
davantage, il y a des opérations au sol, c'est vraiment une guerre.
Il y a la place au débat quand même ?
Non.
Ah !
Non,
pas maintenant. Chacun peut avoir ses interrogations ; moi j'ai les
miennes, mes doutes, mes inquiétudes. On voit bien que c'est la guerre
avec tous ses risques, avec toutes ses conséquences qui peuvent être
dramatiques. On voit ce qui s'est passé en Algérie. Mais ça n'est pas le
moment.
Ça n'est pas le moment.Alain Juppé, par exemple, ancien Premier ministre, ancien ministre des Affaires Étrangères, dit : "Les troupes au sol, c'est une mauvaise idée. Il ne faut pas."
Non, il n'a pas dit ça. Il a dit que la France jouait peut-être un coup trop loin.
En envoyant des troupes au sol ?
En envoyant des troupes. Bon. C'est une interrogation.
Il a dit ce que j'ai dit.
C'est une interrogation mais ...
... Jean François Copé s'étonne de l'isolement diplomatique de la France.
Non,
c'est un constat. Mais on peut faire tous ces constats là. Je constate
qu'il y a des risques, qu'on est effectivement seuls, qu'envoyer des
troupes au sol, c'est une lourde responsabilité. Mais c'est au Président
de la république de prendre cette responsabilité. Il l'a prise. Il
avait des informations que nous n'avions pas sur le risque que faisait
courir à très court terme sur Bamako, l'avancée des Islamistes. Il a
pris cette décision. Les soldats français se battent. Ca n'est pas le
moment d'ouvrir un débat politique sur cette question. Mais ça viendra.
Cette épreuve modifie le regard que vous portez sur François Hollande, Henri Guaino ?
Non. Il a fait dans ce domaine ce qu'il croyait devoir faire.
Il est à la hauteur de la situation ?
Mais
moi je n'ai jamais pensé qu'il n'était pas à la hauteur de la
situation. J'ai pensé que nous avions une divergence profonde sur ce qui
était la Politique, le rôle du Président de la république et le rapport
aux institutions.
La différence que j'ai avec M. Hollande
au-delà des différences sur chacun des projets de loi qu'il peut
présenter, c'est que c'est un homme de la IVème République. C'est un
homme qui déteste la Vème République, et qui veut absolument la démolir
pan par pan. C'est un homme pour qui la modernisation de nos
institutions et de notre vie politique, c'est la fin de la Vème
République. Eh bien moi, je veux défendre la Vème République. Voilà
c'est une différence profonde.
Voilà, vous avez changé
subrepticement de sujet. Je vous demandais si l'épreuve de la guerre
faisait de François Hollande un vrai Président de la république, s'il
entrait dans ses habits, enfin tout ce qu'on lit ces jours-ci ?
Oui,
il est dans ses habits, à sa façon. Donc là, il a parfaitement rempli
son rôle. Est-ce qu'il a eu raison ? Eh bien, l'Histoire le dira et nous
en débattrons, le moment venu. Mais ça n'épuise pas la question de
savoir comment il exerce ses fonctions, avec quel état d'esprit il le
fait.
On va y venir. Donc, pour terminer sur le Mali. Vous le
soutenez parce que vous pensez que quand des soldats français sont en
guerre, l'Union Nationale est nécessaire ?
Je pense que
quand la France est en guerre, oui l'Union Nationale est nécessaire.
Dans toutes les guerres, c'est la même chose. C'est une question de
responsabilité, de civisme et de respect de nos soldats qui risquent
leur vie et de tous ceux qui peuvent être les victimes de cette guerre,
voilà.
Alors sur le sujet de François Hollande et des
institutions, vous voulez dire quoi exactement ? Vous n'aimez pas quoi
chez François Hollande qui a dit, hier ...
... Cette détestation ... Cette détestation ...
... Qu'il ferait une révision constitutionnelle ?
Oui,
cette détestation profonde de la Vème République qui se manifeste dans
une manière d'abord de gouverner, qui consiste à servir sans arrêt des
clientèles ... Il a une conception de l'Exécutif -sauf le cas du Mali-,
qui ne gouverne pas ; mais après tout, il est arrivé aussi dans le passé
aux hommes de la IV ème de temps en temps ...
Aux hommes de la Vème aussi.
Non, mais d'organiser des expéditions à l’Étranger.
Ah oui, je pensais aux (..... ?) les hommes de la Vème en ont eu aussi.
Penser à des clientèles, non ce n'est pas l'état d'esprit ...
... D'accord.
Non, ce n'est pas ce qu'on demande à un Président de la République sous la Vème République.
Ah !
Ce
n'est pas une façon de faire de la Politique. Deuxièmement, il y a la
Constitution. Je trouve que son idée de changer la nature du Conseil
Constitutionnel parce que c'est de ça dont il s'agit, de changer le
statut pénal du Chef de l'Etat, tout ça participe d'un refus très
profond de l'esprit de la Vème République. Et enfin, il y a ce refus
viscéral du référendum qui est dans l'esprit des institutions, dans la
Vème République : le peuple exerce sa souveraineté soit par la voix de
ses représentants, soit directement. Et ce refus du référendum est un
signe de plus, une manifestation de plus de cette détestation de la Vème
République. Je lui dis : Soyez un Président de la Vème République.
Et vous demandez le référendum sur le mariage homosexuel ?
Oui,
parce que c'est un projet qui bouleverse la société, c'est un projet
qui a des conséquences extrêmement lourdes et qui, par conséquent, ne
peut pas être adopté par le Parlement. Le Parlement, dans cette affaire,
dans l'esprit des Institutions de la Vème République, n'est pas
légitime pour trancher cette question. Et c'est ce que le peuple demande
...
... Il n'est pas légitime pour trancher cette question ?
Non.
Ah !
Voilà, il ne l'est pas. Il ne l'est pas parce que c'est un sujet ...
... Ah bon ! Et il n'est pas élu au suffrage universel ?
Il
est élu au suffrage universel. Mais nous sommes aujourd'hui 180
parlementaires à avoir signé un appel pour le référendum. Nous
considérons qu'aucun Parlementaire n'a reçu un tel mandat du peuple.
C'est trop grave et trop important.
Et d'ailleurs, moi
j'appelle ce matin tous les Français de bonne volonté : les
associations, les parlementaires, les élus locaux, les maires, partout,
dans toutes les communes, dans tous les départements, dans toutes les
régions à créer des comités locaux pour le référendum de façon à ce que
le Président de la République entende, enfin, que le peuple veut avoir
droit à la parole. Il faut que chacun, en conscience, puisse participer à
la décision. Comprenez, il n'y a pas de débat quand le débat est joué
d'avance. Un débat c'est quelque chose d'ouvert. Et on nous dit : il y a
eu des débats depuis longtemps : il y a des débats au Parlement ...
Non, il n'y a pas de débat. Il n'y a pas de débat.
Donc, comités locaux.
"Un sujet (c'est une citation que je vais faire) :"Un
sujet aussi essentiel pour la vie des Français mérite une clarification
pour poser les véritables enjeux de cette Réforme". Ségolène Royal,
octobre 2010, sur les retraites. Et le référendum ? On l'attend
toujours.
Écoutez. Comparer, comparer la dénaturation du
mariage, la porte ouverte à toutes les modes de procréation : la
procréation médicale assistée, la gestation pour autrui avec tout ce que
ça comporte de risque de marchandisation du corps, avec le changement
de deux ans, le recul de deux ans de l'âge du départ à la retraite,
c'est quand même extravagant.
Mais à l'époque, on demandait ...
... Extravagant. Le Parti Socialiste ne l'a pas demandé.
Demander un référendum : les gens étaient dans la rue et vous disiez :
... Mais ce n'est pas parce que les gens sont dans la rue, c'est la nature.
" .... Victimes dans une république parlementaire.
Oui,
pour traiter de l'âge de la retraite, il est légitime. Pour dénaturer
le mariage qui est une institution qui a 200.000 ans, non il n'est pas
légitime. 200.000 ans, ce sont les anthropologues qui disent : le
mariage existe depuis 200.000 ans. Depuis 200.000 ans, il y a une
institution qui unit les hommes et les enfants pour régler le problème
de l'affiliation dans les sociétés organisées. Alors, il a changé de
forme, de nature, d'esprit ; mais enfin, jamais depuis 200.000 ans il
n'a été dénaturé à ce point sauf depuis quelques années, dans un certain
nombre de pays. Eh bien voilà ça mérite que chacun avec sa conscience
puisse participer à la décision. Oui, un peu de démocratie, un peu de
république, Monsieur le Président, un peu de Vème République.
Un
mot de Renault : 7.500 emplois supprimés. Vous étiez partisan d'une
nationalisation temporaire à Florange pour lutter, disiez-vous, contre
ce capitalisme financier qui détruit les emplois. Renault : 7.500
emplois ?
Non, ce n'était pas seulement pour ça, c'était
parce qu'on voulait ... On a un doute sur la volonté ou non de M. Mittal
de démanteler toute la sidérurgie en Europe et en particulier en
France. C'est un autre sujet.
Renault ?
Eh
bien, non Renault : l’État a 15% ... Il peut jouer son rôle
d'actionnaire mais on est en face là d'un problème général de
l'industrie française, l'industrie automobile en particulier. C'est un
sujet trop sérieux pour être traité en deux mots. C'est un sujet grave.
Je remets ma question dans la poche et on la retraitera une autre fois.
Oui
parce que ça concerne toute la désindustrialisation et en particulier,
la crise du secteur automobile. Ça ne se traite pas en demi. Il faut
être sérieux sur ces dossiers.
Soyons sérieux, dit Henri Guaino, invité de RTL ce matin ...
... Je ne doute pas que vous le serez.
Bonne journée.