Qu’est-ce que le "ChemSex" (et pourquoi cela peut être dangereux) ?
MASTERS OF SEX - Avec l'avènement des applications de rencontre et l'accessibilité de produits de synthèse sur Internet, cette pratique a explosé ces dix dernières années. Les professionnels de la santé y voient un enjeu de santé publique. Explications.

User de substances psychoactives pour booster ses performances et sensations sexuelles, voilà en quelque sorte le principe de ce qu'on appelle le "ChemSex", une contraction de "chemical" et "sexe".
Cette pratique a explosé ces dix dernières années, explique Jean-Marc Jacquet, addictologue et praticien hospitalier, lors de son intervention aux 11èmes assises françaises de la sexologie et santé sexuelle, qui avaient lieu à Marseille du 15 au 18 mars dernier.
Les consommateurs occasionnels, "des quadra plutôt très éduqués et exerçant des métiers comme médecins ou avocats", ont laissé leur place à "des consommateurs plus jeunes et plus précaires", à la recherche de toujours plus d'euphorie, de désinhibition, d'excitation ou encore d'augmentation de la libido et de la performance. Tous sont, en majorité, issus de la communauté homosexuelle.
L'explosion d'une pratique
Pourquoi une telle explosion du "chemsex" ? Jean-Marc Jacquet l'explique par le développement de certaines applications de rencontre. "Ces dernières permettent de découvrir en quelques minutes les hommes disponibles autour de soi, les pratiques sexuelles qu'ils acceptent mais aussi les substances psychoactives dont ils disposent ou approuvent l'usage", explique le spécialiste. Ces substances, jusqu'à récemment seulement disponibles sur le "dark web", sont désormais accessibles à tous et à toutes sur de simple sites de vente en ligne.
Si les corps de la profession de la santé sexuelle n'est pas là pour juger de la vie sexuelle des gens, Jean-Marc Jacquet met cependant en garde les adeptes de cette pratique, présentée comme un enjeu de santé publique.
Comment retourner jouer au canard dans la baignoire quand on a surfé sur les meilleures vagues du monde ?
Jean-Marc Jacquet, addictologue
Car même si le "ChemSex" n'est pas une nouveauté, l'accessibilité des produits de synthèse sur Internet a favorisé son usage... entraînant une surconsommation et les complications qui vont avec : une tendance à l'addictologie, des risques d'infection, des maladies sexuellement transmissibles (comme le VIH), des pratiques sexuelles jugées "à risques" par les professionnels comme le plug ou le fist fucking, une décompensation psychotique (c'est-à-dire des épisodes de délires) et, enfin, un risque de décès, détaille l’addictologue.
Des expérimentateurs du sexe de l'extrême
Outre ces dangers, Jean-Marc Jacquet note que les personnes adeptes du "ChemSexe" expérimentent une "perte d'intérêt pour la sexualité sans produit", ainsi qu'une "perte de contrôle" sur leur consommation. "Comment retourner jouer au canard dans la baignoire quand on a surfé sur les meilleures vagues du monde ?", illustre le spécialiste pour faire comprendre dans quel état d'esprit se trouvent les personnes ayant vécu des relations sexuelles sous substances psychoactives.
La majorité des initiés au "ChemSexe" ne se considèrent cependant pas "comme des toxicaux", ajoute l'addictologue, "mais comme des expérimentateurs du sexe de l'extrême". Des aventuriers qu'il convient de mieux éduquer et d'accompagner dans leur parcours en cas de comportements addictogènes et de souffrances aussi bien physiques que mentales. Pour les autres, l'éducation et l'information restent les mots-clés de ces assises françaises de la sexologie. Vous voilà tous et toutes informées.
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