Procès Ajimi : prison avec sursis pour trois policiers
Des peines de six à vingt-quatre mois de prison avec sursis ont été prononcées vendredi matin par le tribunal correctionnel de Grasse à l'encontre de trois des sept policiers impliqués dans le décès du jeune Hakim Ajimi, mort par asphyxie lors d'une interpellation violente en 2008. Les deux agents de la brigade anticriminalité (BAC) Jean-Michel Moinier et Walter Lebeaupin ont été reconnus coupable d'homicide involontaire et condamnés respectivement à 18 et 24 mois d'emprisonnement avec sursis, Walter Lebeaupin ayant également été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger. Le policier municipal Jim Manach a lui été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger et condamné à six mois de prison avec sursis. Les quatre autres policiers impliqués ont été relaxés.

Un jugement qui ne contente personne
Le tribunal correctionnel sanctionne Jean-Michel Moinier, chef de la Bac (brigade anti-criminalité) de Grasse, à dix-huit mois de prison avec sursis et son collègue Walter Lebeaupain à deux ans de prison avec sursis. Un troisième homme, Jim Manach, policier municipal a été condamné à six mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger.
Le tribunal a ordonné le paiement de 100.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime, qui s'était absentée de la salle d'audience, en signe de protestation contre les réquisitions du parquet en janvier dernier - prison avec sursis pour les sept prévenus - jugées dérisoires.
Boubaker, le père de Hakim Ajimi, a regretté la "légèreté" des sanctions finales. "Pour moi, c'est pas cher payé. La justice est complice de cette impunité judiciaire, ce jugement démontre qu'un policier, ça ne se condamne pas, ça ne va pas en prison," a-t-il dit à la presse.
Les avocats des policiers condamnés ont annoncé leur intention de faire appel. "Qu'ils aient été reconnus coupable d'homicide involontaire alors qu'ils n'ont fait qu'appliquer des méthodes d'immobilisation enseignées dans les écoles de police, ce n'est pas sain", a déclaré Me Gérard Baudoux.
Asphyxie mécanique
Les rapports d'expertise médicale ont conclu que la mort - le 9 mai 2008 - du jeune homme de 22 ans était due à une asphyxie mécanique, résultat d'une compression thoracique et d'une clef de bras pratiquées par les policiers avec trop de force et durant trop longtemps.
Hakim Ajimi, transporté inconscient vers un véhicule de police-secours selon de nombreux témoins, est possiblement décédé lors d'un court transfert vers le commissariat réalisé dans des conditions jugées "inhumaines" par un rapport d'une commission de déontologie.