C'est un sacré revers. Parce que là, c'est la justice qui dit que la Mairie de Paris a mal fait les choses. Ce n'est pas un éditorialiste ou un automobiliste en colère, ou encore un ennemi politique.
Non, ce sont les juges. Et pour des raisons extrêmement étayées. Les juges qui disent que l'étude d'impact qui a été réalisée pour mesurer les conséquences du projet a été bâclée. Les juges parlent d'"omissions", d'"insuffisances" et d'"inexactitudes".
Le pire étant les effets sur la qualité de l'air (c'était au cœur du projet d'Anne Hidalgo). Le tribunal administratif a relevé que l'analyse n'a été effectuée que sur une bande de 100 mètres de part et d'autre des voies. Cent mètres de chaque côté ! Mais on se moque du monde...
C'est jusqu'au périph' qu'il aurait fallu mesurer l'impact de la fermeture des voies sur berges. Parce que si les voitures ne roulent plus sur ces voies, elles roulent ailleurs. Il est donc logique qu'à l'endroit précis où elles ne roulent plus, l'air soit de meilleure qualité. Mais ailleurs ?
Cela ne veut pas dire que les voies vont être rouvertes aux voitures. La procédure est un peu compliquée. Anne Hidalgo a pris un nouvel arrêté de piétonnisation. Mais vous savez, aujourd'hui, en réalité, ce ne sont pas les objectifs des opposants au projet. Beaucoup savent très bien que l'on ne reviendra sans doute pas en arrière.
Ce que veulent ceux qui ont porté plainte et qui ont gagné en première instance, c'est que désormais les décisions soient concertées, que la Ville de Paris ne décide pas toute seule, dans son coin, alors qu'elle est au cœur de la plus grande région de France.
Anne Hidalgo n'a pas seulement pensé en terme d'aménagement urbain, elle a aussi fait de la politique
Alba Ventura
Nous en avons déjà parlé. Le problème n'a jamais été la volonté d'Anne Hidalgo de rendre Paris plus respirable. Ni même son souhait d'ouvrir aux piétons, aux cyclistes et aux touriste touristes de lieux de promenades le long de la Seine, au contraire.
Non, le problème vient de la façon d'imposer ses vues et de le faire à marche forcée, vite. Parce les "Parisiens" doivent "vite" voir les résultats. Parce que ce sont les Parisiens "qui votent aux municipales".
Et parce que cela donne à Anne Hidalgo une plateforme pour la prochaine présidentielle. Anne Hidalgo n'a pas seulement pensé en terme d'aménagement urbain. Elle a aussi fait de la politique.
Une affaire qui tombe mal pour la maire de Paris ? Cela ne vient pas corriger son image en tout cas. Car c'est une affaire qui vient s'ajouter à une série d'autres.
Citons le fiasco du Vélib', mais aussi l'annulation par le conseil d'État du marché de l'affichage entre la ville et la société JCDecaux, qui entraîne un manque à gagner de 40 millions d'euros.
Sans oublier la propreté (ou plutôt la saleté), les rats, les polémiques surla sculpture de Jeff Koons "Le Bouquet de Tulipes" ou la sépulture de l'écrivain Michel Déon. Sans compter des tensions avec son premier adjoint. Quand ça veut pas, ça veut pas.