"Je suis candidat à la présidence de ma famille politique". C'est en moins de 700 mots que Nicolas Sarkozy a mis fin au faux suspens de son retour. L'ancien président n'a pas lésiné sur les moyens puisqu'après s'être exprimé sur Facebook, il a répondu aux questions de Laurent Delahousse sur France 2, avant d'effectuer son premier meeting à Lambersart, à Lille.
Alors que l'ancien président explique avoir pris du recul pour analyser son mandat, ses détracteurs insistent sur le fait que Nicolas Sarkozy est le même homme qu'il y a deux ans.
Nicolas Sarkozy tente de faire table rase du passé en souhaitant refonder l'UMP et surtout redorer son image après les enquêtes judiciaires dont il a fait l'objet. Cependant, la tâche s'annonce plus difficile que prévu. Tout d'abord, l'ancien président "a retrouvé les mêmes expressions et les mêmes gimmicks : 'Si moi, je ne fais pas ce travail, qui le fera ? Eh bien je vais vous le dire'", selon Alba Ventura, éditorialiste politique chez RTL.
"On nous a vendu Sarko 2. C'est Sarko, tout court ! On retrouve un Nicolas Sarkozy qui a passé deux ans à ne pas supporter le spectacle, ni de son camp, ni du pouvoir. Il a certes une présence indiscutable. Il est énergique, puissant, combatif. On ne s'ennuie pas. Il a une capacité à emballer le match et à électriser la salle", analyse-t-elle.
Lors de son intervention au journal télévisé de France 2, "on comprend surtout qu'il n'a pas digéré d'avoir été battu, et qu'il veut prendre sa revanche. Il redescend dans l’arène pour se bagarrer. C'est le retour de "battling Sarko"", estime Alba Ventura.
Le nouveau candidat à la primaire de l'UMP a effectué quelques annonces. Il a notamment précisé qu'il voulait solliciter plus souvent les Français par référendum, s'il est réélu. Pourtant, à l'époque président, Nicolas Sarkozy s'était montré retissant à appliquer ce type de scrutin. Éric Zemmour rappelle que l'intéressé a entamé son quinquennat "en s'asseyant sur le référendum européen de 2005" pour imposer le traité de Lisbonne.
Autre exemple où pendant l'entre-deux-tours de la présidentielle de 2012, son conseiller Patrick Buisson a tenté, en vain, de lui faire promettre la tenue d'une consultation sur l'immigration. Pour Éric Zemmour, Nicolas Sarkozy a repris "l'argument traditionnel des élites" qui veut que le peuple ne répond jamais à la question posée, mais à ceux qui la posent.
Même si Nicolas Sarkozy s’attelle à montrer qu'il n'est plus le même homme politique qu'en 2012, il est rapidement rattrapé par les enquêtes judiciaires. En effet, la justice a suspendu mardi 23 septembre l'enquête pour corruption de Nicolas Sarkozy, mais l'ex-président reste néanmoins mis en examen.
Dans cette enquête, les deux juges cherchent à déterminer si Nicolas Sarkozy a tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir auprès de Gilbert Azibert, haut magistrat de la Cour de cassation, des informations couvertes par le secret sur une procédure le concernant. En échange, l'ex-président aurait promis d'intervenir pour que ce magistrat obtienne un poste de prestige à Monaco.
Début juillet Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "corruption active", "trafic d'influence actif" et "recel de violation du secret professionnel". Thierry Herzog, l'a été pour "violation du secret professionnel et recel de ce délit", "corruption active" et "trafic d'influence actif", et le juge Gilbert Azibert pour "recel de violation du secret professionnel", "trafic d'influence passif" et "corruption passive".
Nicolas Sarkozy s'est rendu à Lambersart jeudi 25 septembre afin d'effectuer son premier meeting depuis son retour sur la scène politique. Ses fidèles étaient présents mais ses détracteurs ont aussi suivi son discours. De nombreuses critiques ont été faites sur Twitter, alors que l'ancien président attaquait le gouvernement et le Front national.
#Sarkommence. Ce hastag fait partie des sujets les plus discutés sur le réseau social Twitter. Les internautes l'ont en grande partie utilisé pour montrer que Nicolas Sarkozy n'avait pas changé, comme il essaye de le faire croire depuis plusieurs jours.
Le député des Alpes-de-Haute-Provence, Christophe Castaner, a ainsi dénoncé la "récupération" politique de l'assassinat d'Hervé Gourdel. "Quand Sarkozy appelle la famille et le fait immédiatement savoir à la presse... non il n'a pas changé", a-t-il écrit.
En fin de semaine, Nicolas Sarkozy continue à ne pas faire l'unanimité.François de Rugy, le co-président du groupe écologiste à l'Assemblée a exprimé ses craintes sur ce retour en politique, sur RTL.
Et pour cause, l'ancien président a remis sur le tapis l'épineuse question du gaz de schiste. Il s'est prononcé en faveur de son exploitation. De son côté, Ségolène Royal en a profité pour contrecarrer son ancien rival de 2007 en réaffirmant l'opposition du gouvernement à cette mesure.
Mais pour François de Rugy l'annonce de Nicolas Sarkozy se fait "au risque de polluer l'eau potable et contre l'avis très majoritaire des Français".
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