VIDÉOS - Front national : la semaine où les Le Pen se sont déchirés
VIDÉOS - Rien ne va plus au Front national. Le parti est tiraillé entre les propos controversés de son fondateur et les distances prises par Marine Le Pen. La semaine a été marquée par une succession de phrases assassines.

La rupture entre Jean-Marie Le Pen et sa fille est bel est bien effective au sein du Front national. Le feuilleton médiatisé a débuté après des propos tenus par le fondateur du parti sur les chambres à gaz, en maintenant qu'elles étaient un "détail de l'histoire". Aussitôt la classe politique a condamné Jean-Marie Le Pen. Les réactions ont aussi été vives dans son entourage.
Marine Le Pen a pris ses distances en précisant qu'"il n'y a rien de nouveau". "Je suis en profond désaccord avec Jean-Marie Le Pen et sur le fond et sur la forme", précise-t-elle. Cependant, il n'est pas question d'envisager une exclusion du président d'honneur du parti. "Ces déclarations n'entachent pas le crédit du Front national mais le sien".
Mardi : un pas de plus vers la rupture
Alors que la polémique sur les chambres à gaz gonfle de plus en plus, le président d'honneur du Front national récidive et "(re)déclare son pétainisme", dans l'hebdomadaire d'extrême-droite Rivarol. "Pour ma part, comme je l'ai déjà dit, je n'ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître. On a été très sévère avec lui à la Libération", explique-t-il. Et je n'ai jamais considéré comme de mauvais Français ou des gens infréquentables ceux qui ont conservé de l'estime pour le Maréchal. Ils ont leur place au FN comme l'ont les défenseurs de l'Algérie française, mais aussi les gaullistes, les anciens communistes et tous les patriotes qui ont la France à cœur."
Une première fracture est marquée entre le père et la fille puisque dans son entretien, Jean-Marie Le Pen en profite pour la critiquer. Il juge ainsi "ridicule de demander la retraite à 60 ans, alors que moi, à la tête du Front national, je l'ai demandée à 65 ans. J'ai essayé d'expliquer à Marine le Pen et à ses conseillers que c'était une erreur".
Mercredi : vers une exclusion de Jean-Marie le Pen du parti ?
Ces propos vont pousser Marine Le Pen à s'opposer à sa candidature pour les élections régionales en Paca. Cela pose ainsi la question de savoir si Jean-Marie Le Pen souffre-t-il du "syndrome Lubitz", comme le confie un de ses proches, en référence au co-pilote allemand de l'avion qui s'est écrasé dans les Alpes françaises avec 150 personnes à son bord.
"Comme s'il voulait faire sombrer le parti en même temps que lui. Une certitude, la guerre est ouverte et la rupture consommée avec de nombreux cadres du parti qui se sont désolidarisés définitivement du fondateur du FN. Selon Marine Le Pen, le prochain bureau politique doit désormais 'trouver le moyen de protéger les intérêts du mouvement'. Pour la première fois, des sanctions ne sont pas à exclure", explique Elizabeth Martichoux, chef du service politique de RTL.
Selon Alain Duhamel, le comportement du fondateur peut s'expliquer par le fait qu'en tant que "patriarche fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen n'accepte pas de voir son parti lui échapper. "Jean-Marie Le Pen est quelqu'un qui ne veut pas s'en aller tranquillement, doucement, ou discrètement. C'est un homme qui veut partir dans le fracas et le tonnerre. Il voulait une fin shakespearienne, et il l'a", déclare l'éditorialiste.
Par ailleurs, cette nouvelle provocation pourrait aussi être un suicide politique théâtral prémédité.
Désormais, le Front national dispose de deux solutions : "Trouver une faille administrative à l'image d'une cotisation impayée. Cette porte de sortie risquerait toutefois d'être vue comme un coup bas. Reste alors l'option de dénicher un vice de procédure dans l'obtention par Jean-Marie Le Pen du fameux titre de président d'honneur à vie", ajoute-t-elle.
Jeudi : convoqué en procédure disciplinaire
La guerre est bien déclarée entre Marine et Jean-Marie Le Pen. Elle l'accuse de "suicide politique" ; lui, de "trahir l'esprit du FN. "Jusque-là, Marine Le Pen a serré les dents et condamné les propos de son père. Mais là, cela fait deux fois en huit jours qu'il dérape. Elle a dû se dire : 'Il faut que je l'arrête tout de suite, parce qu'à ce rythme-là il va en sortir une tous les deux jours !'", estime Alba Ventura.
Le Front national de Marine ne ressemble plus à celui de Jean-Marie. "Jean-Marie représente ce que Marine ne veut plus. Le père ne supporte plus que la fille s'émancipe, et la fille a trouvé l'occasion de s'émanciper. Jean-Marie Le Pen a toujours voulu être le rebelle permanent ; Marine Le Pen, elle, veut le pouvoir", continu-t-elle.
Invitée au journal de TF1, la présidente du parti a annoncé avoir convoqué son père "en procédure disciplinaire". Elle a ainsi rappelé ses désaccords profonds avec le président d'honneur en l'accusant de "ne plus agir comme un dirigeant responsable d'un mouvement qui représente l'espoir de millions de Français. [...] Il a une grande expérience mais ne semble plus avoir la sagesse nécessaire".
Vendredi : le fondateur persiste et signe
La joute verbale entre les deux protagonistes continue. Invité sur RTL, Jean-Marie Le Pen ne lâche rien et explique qu'il ira "se défendre" et "probablement attaquer". "Je n'arrive pas à comprendre les causes de son action, s'est-il indigné, Madame Le Pen est en train de dynamiter sa propre formation." Selon lui, Marine Le Pen cherche à concilier de "la sympathie" et de "l'indulgence", "de la part du système" et "se tire une balle dans le pied".
Ce déballage médiatique ne peut pas profiter au Front national, estime Alain Duhamel : "Le parti est en effet banalisé par cette querelle spectaculaire, mais aussi par les affaires de financement électoral dans lesquelles il s'est enlisé. Par ailleurs, Jean-Marie Le Pen est encore très apprécié par de nombreux militants du FN, notamment dans le Sud-Est. Le forcer à se retirer de la vie politique pourrait donc créer un certain trouble".
Samedi : chute de popularité de Jean-Marie Le Pen
Les tensions au sein du Front national ont terni l'image de Jean-Marie Le Pen. Selon un sondage Odoxa pour iTélé et Le Parisien, neuf Français sur dix ont une mauvaise opinion de Jean-Marie Le Pen et pensent qu'il devrait prendre sa retraite politique. 92% des personnes interrogées déclarent avoir "une mauvaise opinion" du fondateur et président d'honneur du FN (7% en ont "une bonne opinion", 1% ne sait pas).
Seules autres personnalités du parti testées dans cette étude, Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen sont à égalité, avec chacune 65% de mauvaises opinions et 35% de bonnes opinions (2% ne se prononcent pas).
Dimanche : une dispute profitable à Marion Maréchal-Le Pen
Dans une ultime déclaration, Jean-Marie Le Pen concède que Marion Maréchal-Le Pen pourrait le remplacer lors des élections régionales. envisage la possibilité de ne pas conduire la liste FN en Paca. Il précise qu'il fera connaître sa position lundi. "Si je n'étais pas candidat, je ne vois que Marion. Il n'y a aucune autre personnalité qui ait autant de notoriété et de particularité au sein du Front national pour cette région", dit le cofondateur du Front national à propos de sa petite-fille et députée FN du Vaucluse.
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