La mort de Rémi Fraisse, un jeune militant écologiste retrouvé sur le site du barrage de Sivens dans le Tarn, a déclenché une série d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, ainsi qu'une multiplication de déclarations de la part du gouvernement.
Depuis plusieurs semaines, la police et les manifestants s'affrontent au sujet de la construction d'un barrage – réserve d'eau. Le Conseil général du Tarn, présidé le socialiste Thierry Carcenac a appuyé sa construction, en demandant aux agriculteurs locaux de mieux organiser l'irrigation de leurs cultures. Moins d'une trentaine de cultivateurs profiterait d'une telle retenue d'eau. Malgré cela, le gouvernement a apporté son soutien aux autorités locales. À noter que ce projet s'est concrétisé avec des financements de l'État et aussi de l'Union européenne.
Les circonstances de la mort de l'étudiant de 21 ans sont encore obscures à ce jour. Mais pour le père de la victime, son fils "n'était pas un garçon violent, ni un garçon qui faisait partie des irréductibles sur ce genre de manifestations. Ce n'était pas un casseur non plus". Ce jeune étudiant qui s'intéressait beaucoup à l'environnement s'était rendu sur les lieux "au milieu des affrontements, quand il a vu la tournure que prenaient les événements", confie Jean-Pierre Fraisse.
Rémi Fraisse se serait rendu sur le site "sans casque, à mains nues. Il n'a pas eu de chance", expliquait alors son père.
Alors que Cécile Duflot demande une enquête sur les agissements des forces de l'ordre, Hervé Mariton, candidat à la présidence de l'UMP, estime que le projet de construction du barrage doit être maintenu malgré les protestations et le décès de Rémi Fraisse. "L'agriculture, ce n'est pas seulement des petites fleurs [...] Les écologistes ont une vision parfois décalée de ce que peut être l'économie agricole", déclare l'ancien ministre de Jacques Chirac.
François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve ont fait front commun et ont dénoncé les violences survenues dans le Tarn. Cependant, les détracteurs ont reproché au gouvernement d'avoir mis trop de temps à prendre la parole après la mort du militant écologiste. Les ministres se retrouvent ainsi sur le banc des accusés et "c'est la pire chose qui pouvait lui arriver", estime Élizabeth Martichoux, chef du service politique de RTL.
"Pour les écologistes, Rémi Fraisse devient le martyre du barrage. Cécile Duflot, trop contente de se payer son meilleur ennemi Manuel Valls, a lancé les hostilités avec une véhémence contestable. Elle a, c'est vrai, mis le doigt là où ça fait mal pour le gouvernement. Quand on relit le premier communiqué de Bernard Cazeneuve sur le site du ministère de l'Intérieur, on y trouve effectivement peu ou pas de compassion. L'essentiel du texte est consacré à une condamnation "des incidents". Le ministre était-il insuffisamment ou mal informé par ses services sur la nature du décès du jeune homme ?", ajoute-t-elle.
Ainsi, le député européen José Bové, la secrétaire d'EELV Emmanuelle Cosse sont montés au créneau pour dénoncer l'attitude du gouvernement. "C'est le choc de deux brutalités, de deux violences et de deux ambitions", décrypte Éric Zemmour.
"Ce n'est pourtant pas la violence des gendarmes qui déborde la volonté de Manuel Valls. C'est, au contraire, le savoir-faire des forces de l'ordre et leur professionnalisme qui contiennent le plus souvent la violence politique dégagée par le chef du gouvernement", explique-t-il.
Si le Premier ministre "a compris l'immense demande d'ordre des classes populaires, il y répond à contre-temps : pas contre la délinquance, qui continue de prospérer, mais contre les manifestants politiques". Ce qui fait dire à Éric Zemmour que "son ambition a glissé d