Najat Vallaud-Belkacem aurait sûrement préféré s'épargner ce malaise. Dimanche 24 janvier, la ministre de l'Éducation figurait parmi les invités de l'émission Le Supplément, au même titre qu'Idriss Sihamedi, président de l'ONG musulmane BarakaCity. Tous deux étaient invités à prendre la parole au sujet de la détention de Moussa Ibn Yacoub, un membre de l'association actuellement retenu au Bangladesh.
Lorsqu'on lui demande s'il condamne l'État islamique, vers 33 minutes 30 dans la vidéo ci-dessous, la réponse d'Idriss Sihamedi se fait confuse. "Je vais pas vous dire : 'Non, je ne condamne pas' (...) mais je suis gêné de la question", lance-t-il. Sur le plateau de l'émission, les visages se crispent. "On est un peu gênés de la réponse, pour tout vous dire", embraye Ali Baddou.
Visiblement interloquée, Najat Vallaud-Belkacem a d'abord refusé de répondre à ces propos. "Je crois que c'est une association qui porte une façon de voir les choses qui n'est pas la mienne, à laquelle je ne souscris pas et qui me met aussi mal à l'aise, honnêtement, sur votre plateau, donc je ne rajouterai rien", a tout de même poursuivi la ministre.
Depuis la diffusion de l'émission, Idriss Sihamedi réagit sur les réseaux sociaux pour dénoncer les complaisances avec Daesh qui lui sont attribuées et l'insistance des personnes présentes en plateau. "En quelques heures je suis responsable de l'islamophobie en France, comptable des actes de l'E.I et un manipulateur", s'étonne le président de l'ONG.
"Ils (les journalistes, ndlr) nous sommaient littéralement d’avoir une position sur le groupe E.I, comme si nous devions rendre des comptes quant à leurs agissements, et aux actes perpétrés, tout en usant de coupures à plusieurs reprises lors de notre intervention plateau", se défend BarakaCity sur son groupe Facebook. "Nous pensions que nos activités pacifiques, humaines, humanitaires suffisaient pour ne pas nous étaler sur la question", déplore l'ONG, qui affirme ne pas se positionner pour éviter les représailles de toutes parts, notamment sur les terrains de guerre où elle est implantée, comme la Syrie.