À droite, ce n’est pas "chacun cherche son chat" mais "chacun cherche son combat". Pas pour s'opposer au gouvernement, mais pour se différencier les uns des autres à neuf mois de la primaire. François Fillon l’a bien compris : s'il a choisi de prendre la tête de la fronde contre la déchéance de nationalité, c'est pour cela, pour se faire le porte-drapeau d'une cause avant les autres d'une cause avant le autres. Il y a certainement une part de conviction, mais c’est surtout pour lui une belle occasion de se poser en chef de l’opposition et de se relancer dans la course à la primaire. C'est pour cela aussi qu'il claironne partout que lui n’a pas applaudi le discours de François Hollande au congrès de Versailles. Sous entendu : un vrai leader, ça sait dire "non" ; contrairement à Juppé et surtout à Sarkozy, sa bête noire, il n’a pas tergiversé. Voilà le message.
Nathalie Kosciusko-Morizet, qui sera très probablement candidate à la primaire, a aussi tenté une OPA sur le même thème. Elle a cherché à prendre la tête de la bataille contre la déchéance en lançant une pétition. Mais c’est Fillon qui a remporté le morceau. Le premier à avoir compris que pour exister il fallait cibler un sujet précis, c’est Bruno Le Maire. Souvenez-vous : en mai dernier, il a pris la tête de la bronca contre la réforme du collège. On l’a vu, on l’a lu partout. Il s’est même débrouillé pour débattre contre la ministre de l’Éducation nationale. Pour lui, ça reste une étape essentielle. C'est à ce moment-là qu’il s’est imposé, de l'avis de son entourage, comme le troisième homme de la primaire derrière Juppé et Sarkozy. Une place enviable aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que Le Maire va pouvoir capitaliser sur cette bataille jusqu’en novembre prochain. Mais pour utiliser un mot en vogue, avec la réforme du collège, il a cranté.
Ce qui n'est pas le cas d'Alain Juppé. Sur la déchéance, on n'a rien compris à sa position : "Oui mais non mais oui même si c'est pas utile". À ce stade, son combat c’est de garder sa popularité intacte et pour cela il préfère ne pas trop se mouiller. Parce que s’engager, c’est aussi prendre le risque de cliver, de diviser. Nicolas Sarkozy, c’est tout l’inverse de Juppé : l’exemple type du politique qui aime accaparer une thématique, parfois de manière caricaturale. L'an dernier, c'était les repas de substitution dans les cantines par exemple.
Jeudi 4 février sur France 2, l'ancien chef de l'État n'a pas cherché à truster un sujet. Il faut dire que son dialogue avec les Français a tourné au dialogue de sourds. Mais d’ici le premier tour de la primaire, il ne devrait pas s’en priver. La tactique de Nicolas Sarkozy n’a pas changé : prendre parti pour provoquer le débat, obliger les autres à se situer par rapport à lui et au final être au centre du jeu. Avec un objectif unique : asphyxier ses adversaires. Des motifs de combat, il y en a à foison. Comme la réforme de l'orthographe. Qui va s'en emparer ? Sarkozy ou Juppé ? Attention ça paraît léger, mais c'est risqué. Gare aux fautes d'inattention. En politique, elles sont redoutables.
Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, veut organiser une grande alliance populaire qui réunit toute la gauche au tour du parti, avec les écologistes de toutes obédiences et les communistes. Pour cela, il va lancer en mars un appel avec une centaine de personnalités de la société civile. Il pense même dépasser ce chiffre. Pour célébrer cette alliance, il voit grand : il veut "une convention à l’américaine". Cette convention, il la verrait bien fin novembre. Pourquoi fin novembre ? Parce que ce sera juste après le second tour de la primaire de la droite. Histoire, si possible, de lui gâcher sa fête.
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