Arnaud Montebourg est le partisan du "spoil system". En bon français, cela veut dire système des dépouilles. Pour être clair, le candidat à la primaire de la gauche veut copier ce qui se passe déjà aux États-Unis. À chaque élection d'un nouveau président, s'opère un grand coup de balai dans l'administration. Donald Trump va ainsi devoir remplacer 4.000 hauts fonctionnaires.
Pour Arnaud Montebourg, c'est une nécessité politique en France. "Il est inadmissible qu'un directeur d'administration centrale, qui par ailleurs trouve toujours le moyen d'aller pantoufler dans telle banque ou telle compagnie, fasse la leçon au ministre en lui disant ce qui est possible ou pas possible. Tout est possible pour lui-même, mais rien pour le ministre, ça suffit !", exigeait-il au micro du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI le 6 novembre.
C'est une idée qu'on retrouve aussi à droite. S'il est élu, Nicolas Sarkozy veut changer les 35 directeurs d'administration centrale les plus en vue. Aujourd'hui, c'est le chef de l'État qui nomme les hauts dirigeants de l'administration. Il va piocher dans les grands corps de l'État comme l'inspection des finances. Ces hauts fonctionnaires sont aujourd'hui des rouages essentiels pour les ministres, ce sont eux qui sont chargés de mettre en musique, d'appliquer la politique du ministre.
Dans notre pays, les hauts fonctionnaires, les préfets par exemple, sont présumés loyaux et impartiaux, sans couleur politique. C'est même inscrit dans les statuts de la fonction publique qui datent de 1946. A priori, il n'y a donc pas besoin de les changer à chaque alternance : c'est la tradition française.
Dans les faits, on change déjà pas mal de préfets à chaque alternance. Mais Arnaud Montebourg veut aller plus loin. Comme beaucoup de politiques, il se plaint que la technostructure ait pris le pouvoir sur le politique. Pour l'anecdote, on dit que quand Jacques Chirac décide de la dissolution en 1997, il le fait sur la foi d'une note alarmiste du directeur du Budget sur l'état économique du pays. On connaît la suite : la gauche l'emporte et l'économie est florissante. L'ancien président se serait fait "enfumer" par l'administration.
D'où cette idée d'avoir des gens totalement fiables autour de soi ? Cela permettrait aussi un renouvellement des élites, de remplacer des énarques par des personnalités de la société civile. Montebourg propose de nommer des syndicalistes, et même des journalistes. Cette proposition fait naître le risque d'une chasse aux sorcières, évalue les gens en fonction de leurs convictions politiques, et politise la haute fonction publique.
Au début du quinquennat Hollande, Jean-Marc Ayrault ava