Jacques Cheminade a annoncé lundi 4 avril sa candidature à la présidentielle de 2017. Il était déjà là en 2012. Il n'est pas le seul. Sur les dix candidats déclarés à ce jour, six étaient déjà dans la compétition il y a cinq ans : c'est le cas de Marine le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et donc Jacques Cheminade. Ce dernier était également candidat en 1995. Cela fait donc plus de vingt ans qu'il se lance dans la grand'roue présidentielle. Vous avez mieux : Antoine Waechter, qui se représente en 2017, était déjà là en 1988. C'était il y a 28 ans. Des petites candidatures, dont aucune ne dépasse jamais les 5%, le seuil pour se voir rembourser ses frais de campagne. Jacques Cheminade, en 2012, n'a même pas réussi à atteindre 1% des suffrages.
En 2012, cinq des dix candidats en compétition (c'est-à-dire la moitié) ont totalisé 6% des voix. Ce n'est pas un problème en soi qu'il y ait des "petits candidats". Le problème c'est que même chez les "petits candidats", on retrouve toujours les mêmes. Même chez les "petits", il n'y a pas de renouvellement. Cela témoigne quand même d'un cruel manque d'appétit. Cela veut dire qu'il n'y a pas ou peu d'envie. Cela signifie que ce n'est pas accessible ou que ça semble perdu d'avance.
À l'exception d'un Gérard Schivardi en 2007, ou des trois petits nouveaux pour 2017, on est toujours dans le même cercle restreint. Et cela ne risque pas de s'arranger. Car l'Assemblée nationale est en train de changer les règles du jeu de l'élection. Il y a une dizaine de jours, un jeudi soir, en catimini, les députés ont estimé qu'il fallait revoir les temps de parole. Les médias ne seront plus obligés de traiter les candidats à égalité jusqu'au début de la campagne officielle.
L'autre changement, c'est la publication des 500 parrainages. Auparavant, la règle consistait à publier les noms de parrains tirés au sort. Désormais, c'est la liste toute entière des 500 noms qui sera rendue publique. Cela peut freiner certains élus à s'aventurer dans les parrainages. Surtout, cela peut permettre aux grands partis d'exercer une forme de contrôle, pour ne pas dire de pression sur les élus.
C'est vrai que seize candidats à une présidentielle comme ça s'est produit en 2002, c'est beaucoup. C'est même beaucoup trop. Mais le résultat, et plus encore avec ce changement de règles, c'est que le système va fabriquer toujours les mêmes : les mêmes "petits candidats" et les mêmes "gros candidats".
Marine Le Pen a décidé de faire passer les législatives avant la présidentielle. Selon elle, plus l'adversaire est implanté dans une circonscription, plus la marge de progression du candidat FN est faible. En clair : envoyer un âne avec un étiquette Front national, ça ne marche pas. Si le Front national entend faire entrer un maximum de députés à l'Assemblée nationale, il faut donc dès maintenant labourer le terrain. Ce qui est vrai, c'est que la campagne des législatives est très courte : elle dure quatre semaines. Le FN observe souvent un reflux de 4/5 points entre le score à la présidentielle et le score aux législatives.