C'est la dernière bataille du président de la République. François Hollande craint une victoire du Front national à l'élection présidentielle et entend bien ne pas rester inactif. Le chef de l'État multiplie les interventions dans les médias et aussi en privé sur le sujet. Selon un sondage réalisé par le Cevipof et Le Monde, Marine Le Pen obtiendrait 27% des voix au premier tour, devant Emmanuel Macron (25%).
Le 6 mars dernier dans un entretien accordé à plusieurs journaux européens, François Hollande annonce qu'il veut "tout faire pour que la France ne puisse pas être convaincue" par le projet de Marine Le Pen. Surtout, il ne souhaite pas "porter une si lourde responsabilité" que celle d'être le prédécesseur de la candidate frontiste. Il s'agirait donc de son "ultime devoir". Le président de la République juge la "menace" d'une victoire du Front national "réelle". Un proche du chef de l'État confie à l'AFP qu'il "se sentirait responsable si un parti d'extrême droite lui succédait. C'est pour ça qu'il se bat. Il y a une révolte en lui parce qu'il pense que plus que jamais, l'heure est grave et que l'on ne peut pas faire l'autruche".
Le 15 février dernier, selon Le Canard Enchaîné, François Hollande aurait regretté en privé "toute cette débauche d'énergie pour (l)'empêcher de (se) présenter et pour se retrouver avec Le Pen aux portes du pouvoir". Quelques semaines plus tard, l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen continue à travailler le président de la République. Il décide alors de convier à déjeuner à l'Élysée cinq chercheurs spécialistes du Front national. Selon des informations de L'Obs, les politistes Nonna Mayer et Alexandre Dézé, les historiens Olivier Dard et Nicolas Lebourg et le philosophe Jean-Claude Monod ont été contactés.
Un participant a expliqué au magazine que "les convives ont pointé les fragilités du Front national et suggéré que parler d'une poussée irrépressible ne faisait qu'alimenter la stratégie de Marine Le Pen". François Hollande a émis une autre hypothèse qui pourrait, d'après lui, expliquer la montée du Front national : "La gauche a renoncé à la patrie sans proposer autre chose". Toujours à l'Élysée, François Hollande a aussi organisé une projection du film Chez nous de Lucas Belvaux. L'Opinion rapportait alors que le Président avait été "marqué" par la façon dont le réalisateur "a réussi à filmer l'embrigadement et la manière dont André Dussollier utilise les arguments qui font mouches".
François Hollande s'est aussi livré à une bataille de terrain. À Dreux et à Chartres, en Eure-et-Loir, à Epinal ou Charleville-Mézières, le chef de l'État se rend sur des terres marquées par le poids du Front national. L'Élysée affirme que son objectif est de "mettre en garde ceux qui seraient tentés par un vote en faveur du FN, par exemple les agric