Présidentielle 2017 : la Sécu, une vache sacrée pour les candidats
ÉDITO - Mardi 21 février, cinq postulants à l'Elysée ont donné leur vision de la santé de demain, un sujet cher aux Français.

Grande parade de la Santé mardi 21 février à Paris des candidats à la présidentielle. Ils ont présenté leur programme. Ils font tous un diagnostic commun : la Sécu reste une vache sacrée de la République. Aucun des prétendants ne touchera à ses structures. Ils ont reconnu ses qualités, noté ses défauts et plus ou moins souligné sa grande faiblesse : un déficit permanent de 4 milliards en rythme annuel. Ce qui oblige quand même à des précautions. Et, à défaut, d’opération lourde mais un gros lifting.
C’est en tout cas la trame des nouvelles propositions de François Fillon. Plus question de bousculer l'édifice. Fini les changements structurels, oublié le transfert vers le privé des petits risques. L'assurance-maladie restera le pilier de son système, et de grandes assises devront dégager les voies d’une meilleure gestion dont le retour aux 39 heures à l'hôpital. La santé, selon Fillon 2, c'est 20 milliards d'économies durant le quinquennat, mais sans révolution.
Les autres candidats sont plus audacieux sur certaines modalités. Mais sur le fond, pas vraiment. Le principe de réalité s’impose à tous. Les dépenses de santé augmentent en moyenne de 4% par an. Les postulants promettent tous de les contenir à 2%. Les dérapages sont d’ores et déjà inscrits dans les programmes. Sauf, bien sûr, à limiter l’accès aux soins, ce qui serait contraire aux promesses de tous les candidats.
Emmanuel Macron annonce 15 milliards d’économies en cinq ans et 5 milliards d'investissements dans les hôpitaux. Parfait. Mais multiplier par deux les maisons de santé (2.000 au total), réduire à zéro le reste à charge des prothèses audio, dentaires et visuelles une affaire à 4 milliards, etc., ce n'est pas facile, même en augmentant la CSG.
Les dérapages sont d’ores et déjà inscrits dans les programmes
Christian Menanteau
Benoît Hamon met à juste titre le paquet sur la prévention (le parent pauvre du système français), mais aussi l’accès aux soins pour tous avec des complémentaires santé aux standards les plus élevés et une réforme du financement de l’hôpital. Pas de chiffrage, mais déjà l’option d’une hausse de taxes sur les contribuables de 17 milliards, et des taux de cotisation plus forts pour les entreprises qui ont le plus d’arrêt de travail. Une potion que beaucoup auront du mal à digérer.
Au final que peuvent espérer les malades ? À court terme, une diminution des restes à charge pour tous les soins et équipements très mal remboursés. C’est une promesse de tous les candidats. Sur ce dossier, on se doit de les mettre sous haute surveillance.
De même, on peut espérer une réglementation plus efficace des complémentaires. Aujourd'hui, le fameux 300% pour les dents, c’est en réalité 300% des 4% de la Sécu. Soit 12% de remboursement réel, et 88% pour le patient. Pour le reste, c'est la conjoncture économique et sociale qui dictera le tempo.
La note du jour
14/20 à la chaîne de télévision M6. L'ex-"petite chaîne qui monte" dépasse pour la première fois TF1 à la bourse de Paris.