Présidentielle 2017 : comment François Hollande a placé Emmanuel Macron au centre de sa stratégie électorale
ÉCLAIRAGE - Selon "Mediapart", le ministre de l'Économie serait prêt à se lancer dans l'élection présidentielle. Un acte qui pourrait servir à François Hollande.

Est-il un allié ou un ennemi ? C'est toute la question
qui se pose à propos du comportement d'Emmanuel Macron envers François Hollande.
Jeune prodige de la finance, sa nomination au poste de ministre de l'Économie par le président de la République,qui faisait de la finance son ennemi, avait provoqué de nombreuses critiques. Depuis, le temps et les diverses
polémiques et prises de position en marge du gouvernement ont passé et il
semblerait qu'Emmanuel Macron se dessine un avenir présidentiel.
En avril dernier, Emmanuel Macron a annoncé la création
d'un "mouvement politique nouveau", "En Marche !", qui a la particularité de n'être
"ni à droite, ni à gauche". Et c'est justement ce qui semble séduire
le président de la République. "Le subterfuge convenu entre les deux serait qu’Emmanuel Macron mènerait la campagne qu’il souhaite, sur un registre qu’affectionne aussi le Medef, celui du 'ni gauche, ni droite', et qu’il annoncerait à l’horizon de février 2017 qu’il pourrait, s’il était éliminé au premier tour, se rallier à François Hollande, si ce dernier accédait au second", annonce Mediapart.
Des voix électorales redistribuées ?
Dans l'hypothèse où celui que Michel Sapin surnomme "le taré du troisième étage" roulerait pour François Hollande, il pourrait appeler à voter pour lui. "Mais ce ne sera pas sans lui revendre ses idées, ni sans jouer un rôle absolument central dans la campagne", explique Elizabeth Martichoux, chef du service politique de RTL. Ainsi, François Hollande miserait sur son protégé pour récupérer des voix le moment venu. Selon Mediapart, le ministre de l'Économie serait prêt à annoncer sa candidature et François Hollande serait au courant.
Est-ce une stratégie en vue d'une possible réélection ?
"Le pari de François Hollande est hautement périlleux", estime le
site. Et pour cause, obtenir des ralliements entre le premier et le second tour
semble délicat au vue de la "colère grandissante des électeurs de gauche". L'hypothèse d'une candidature d'Emmanuel Macron risquerait, selon le site, "de ruiner encore un peu
plus ses chances, en le privant d'un petit matelas d'électeurs centristes ou de
droite".
Emmanuel Macron, "l'obligé" de François Hollande ?
De plus, François Hollande s'évertue à rappeler
qu'Emmanuel Macron lui doit tout. Dans l'émission Dialogues Citoyens, le chef
de l'État avait rappelé que son ministre était "un promoteur de
l'innovation technologique, c'est sa tâche. Ensuite, qu'il veuille s'adresser
aux Français, aller chercher des idées nouvelles, aller les convaincre, je ne
vais pas l'en empêcher (...) Il doit être dans l'équipe, sous mon autorité". Autre épisode : fin avril, le
Président avait rappelé à l'ordre le locataire de Bercy. Les deux hommes politiques étaient en réunion à l’Élysée au sujet d’EDF, quand une interview du ministre de l’Économie dans la presse régionale a été diffusée. Il y explique que "lorsqu’un président nomme un ministre, il le fait parce que c’est bon pour son pays, pas pour en faire son obligé".
"Après la réunion, François Hollande a retenu en tête à tête son ministre de l’Économie pour une petite explication sur cette nouvelle sortie. Emmanuel Macron a alors dit au Président que ses propos avaient été déformés. François Hollande l’a pris au mot et lui a dit : "Très bien, dans ce cas-là fais un démenti public". Ce qu’il a fait. C’est donc François Hollande qui a obligé Emmanuel Macron à démentir ses propos", raconte Olivier Bost, journaliste politique chez RTL.
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