Vladimir Poutine d'abord, Donald Trump ensuite, puis Benjamin Netanyahu le 16 juillet dernier... Les premiers invités d'honneur d'Emmanuel Macron ne font pas l'unanimité à l'international. Le chef d'État russe est particulièrement critiqué sur la scène mondiale pour son soutien militaire au dictateur syrien Bachar al-Assad, mais aussi en Europe pour son annexion de la Crimée, ou encore à l'intérieur de son propre pays, notamment pour certaines de ses lois jugées homophobes.
Le second, dont le franc-parler n'est plus à démontrer, est d'abord mal aimé dans son propre pays, les États-Unis. Il vit, de plus, en pleine crise intérieure, largement éclaboussé par la présumée ingérence russe pendant la campagne présidentielle. Mais sa personnalité et ses premières initiatives, à l'instar du rejet de l'accord de Paris, ne participent pas tellement à sa popularité. Enfin, Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien, représente la droite dure de son pays, reconduit en 2013 avec le soutien de l'extrême droite.
Le chef de l'État ne semble guère se soucier de la "réputation" de ses invités. Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po Paris, contacté par RTL.fr, détaille trois hypothèses pour expliquer ce choix de personnalités. La première, c'est "la volonté manifeste d'occuper la scène internationale". Selon lui, Emmanuel Macron est nouveau et "cherche sa place". Par la même occasion, il souhaite "montrer une certaine complicité" avec d'autres responsables politiques, qui s'est traduite avec Benjamin Netanyahu par le "cher Bibi", ou encore de "bonnes tapes dans le dos" avec Donald Trump.
Deuxièmement, le Français s'inscrirait ainsi dans une tradition des relations internationales, où la France reste l'amie historique des États-Unis, où le dialogue avec la Russie est inévitable et où "la question du droit à la sécurité absolue d'Israël ne se pose pas".
Enfin, Emmanuel Macron affiche ainsi "cette vieille conviction que la France, donc lui, peut jouer un rôle actif dans la résolution des problèmes mondiaux et des grands dossiers". Bertrand Badie évoque alors une "vision messianique de la France à l'international qui, dans l'inconscient collectif, a toujours un rôle à jouer, comme si la mondialisation n'était pas passée par là". Un choix qui semble payant. Le président français apparaîtrait plus souvent à la télévision étrangère que sa voisine Angela Merkel. Un jeu jugé "dangereux" par le spécialiste, qui note que Macron choisit de renforcer la "posture française" avant la "posture européenne".
Pour Bertrand Badie, la stratégie du locataire de l'Élysée, "c'est surtout de l'affichage sans explication de texte". Le professeur de relations Internationales se fait critique. "Une politique étrangère, c'est une finalité. Là, on ne sait pas ce que l'on veut. On n'est pas renseigné sur ce que l'on voit", reproche-t-il.
C'est surtout de l'affichage sans explication de texte
Bertrand Badie, professeur de Relations Internationales à Science Po Paris
Au contraire, selon Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'Institut français de relations internationales (IFRI), il y a "chez Emmanuel Macron une force de toujours saisir l'opportunité du calendrier". Ainsi, le spécialiste rappelle à RTL.fr que le président russe a été invité lors de l'inauguration de l'exposition sur Pierre Le Grand en mai dernier, le chef d'État américain pour le centenaire de l'entrée du pays allié dans la Grande Guerre, le 14 juillet, et enfin, le premier ministre israélien pour les 75 ans de la rafle du Vél d'Hiv.
"Grâce à lui, la France est de retour sur la scène diplomatique internationale comme un acteur clef, sinon incontournable", juge encore Dominique Moïsi.
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