Moralisation de la vie politique : que reproche-t-on à Richard Ferrand ?
"Le Canard Enchaîné" révèle que le ministre a fait louer aux Mutuelles de Bretagne des locaux appartenant à sa compagne.

L'information fait couler beaucoup d'encre. Dans son édition du mercredi 24 mai, parue une semaine exactement après l'annonce de la composition du premier gouvernement du quinquennat d'Emmanuel Macron, Le Canard Enchaîné révèle que le ministre Richard Ferrand a effectué un montage financier avantageux, alors qu'il siégeait à la tête des Mutuelles de Bretagne.
L'organisme breton, à but non-lucratif, a loué en 2011 de nouveaux locaux commerciaux. Jusque-là, rien de surprenant, si ce n'est que la propriétaire des murs est Sandrine Doucen, une avocate brestoise par ailleurs compagne du député du Finistère. À ce jour, les Mutuelles de Bretagne sont toujours sises dans les locaux du 2, rue George Sand à Brest. Réagissant à l'article paru dans les colonnes de l'hebdomadaire satirique, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a déclaré à l'issue du conseil des ministres qu'"il ne saurait être question" d'envisager la démission du ministre de la Cohésion des territoires, malgré la polémique qui enfle.
Des modalités qui posent question pour l'hebdomadaire
La temporalité et les modalités de l'opération peuvent en effet soulever plusieurs questions. Lorsque la décision est prise le 25 janvier 2011 par le bureau du conseil d'administration de l'organisme, auquel Richard Ferrand assiste bien qu'il n'en fasse pas partie, l'offre est préférée à deux autres. Elle est en effet avantageuse puisque le loyer annuel est de 42.000 euros pour 379 mètres. Contacté par Le Canard Enchaîné, Richard Ferrand défend son choix. "C'était la proposition la moins chère ! Le prix était conforme au marché, et rien n'a été caché : tout le monde savait que cette SCI était la propriété de ma compagne !".
Des dires qui ne sont pas corroborées. Dans le procès-verbal de la réunion, le nom de Sandrine Doucen ne figure pas, et l'ancien président de la structure, Michel Buriens, déclare n'avoir aucun souvenir du nom de ladite propriétaire. Propriétaire qui ne l'était pas encore, lorsque les discussions ont été menées. Sandrine Doucen, cogérante de la SCI désormais propriétaire des murs, n'avait pas finalisé l'acquisition des locaux. La Société civile immobilière n'était pas encore constituée, et l'acte de vente n'a été formalisé que le 1er juillet suivant, près de 5 mois après la validation du contrat de location. Une temporalité qui pose problème et qui remonte à la surface alors que le gouvernement a fait de la loi de la moralisation de la vie publique l'un de ses premiers chantiers, note Le Canard Enchaîné.
Selon les informations de RTL, le Parquet national financier a décidé de ne pas se saisir du dossier, à la suite des révélations de l'hebdomadaire. C'est le Parquet de Brest qui devra désormais décider de l'opportunité des poursuites.
- Richard Ferrand visé par le "Canard Enchaîné", il réfute toute illégalité
- Législatives 2017 : Le Maire, Ferrand, Girardin... Ces ministres qui jouent leur place
- Gouvernement Macron : Richard Ferrand ministre de la Cohésion des territoires
- Collomb, Ferrand, Goulard : découvrez les membres du gouvernement de Macron