À la veille de sa traditionnelle Fête de la Rose en Saône-et-Loire dimanche 24 août, le remuant ministre Arnaud Montebourg a de nouveau fait entendre sa petite musique, en demandant une inflexion de la politique économique du pays, façon d'occuper le flanc gauche de l'exécutif, malmené par les "frondeurs".
"Je suis à mon poste pour faire évoluer des politiques qui méritent d'être changées. Les choix politiques ne sont pas figés", assène le ministre de l'Economie dans une interview au Monde, estimant "le débat ouvert", en pleine préparation de la loi de finances pour 2015.
Celui qui avait promis mercredi depuis la cour de l'Élysée de "passer à l'attaque" en fin de semaine demande d'abord de "hausser le ton" vis-à-vis de l'Allemagne "prise au piège de la politique austéritaire"... alors que François Hollande a déclaré mercredi ne pas vouloir de "face à face" avec Berlin.
Autre démarcation : au sujet de la politique budgétaire française, à la question de savoir s'il faut changer de cap, Arnaud Montebourg répond : "Je pense que je l'ai exprimé assez clairement. Il y a toujours une alternative". Le chef de l'Etat martèle, lui, depuis mercredi, qu'il faut maintenir le cap et exclut "toute godille ou tout zigzag".
Dans la foulée de son discours de Bercy du 10 juillet, qui avait surpris pour ses accents néo-keynésiens, le ministre de l'Economie confirme qu'il veut défendre une "règle des trois tiers" dans la répartition de l'effort d'économies voulu par le gouvernement, dont un tiers consacré aux ménages.
S'il s'agit, à ce stade de "propositions" faites au gouvernement, Arnaud Montebourg s'en remet à Manuel Valls, affirmant que "c'est à lui de décider, il est le Premier ministre", mais qu'il "est grand temps de réagir".
Est-ce un clin d'œil aux socialistes "frondeurs" ? Quand Manuel Valls juge que ces derniers sont "irresponsables", Arnaud Montebourg assure qu'il "discute avec la majorité, toute la majorité". Il comptera d'ailleurs ce dimanche, parmi les invités de sa "fête de la rose" de Frangy-en-Bresse, les députés Christian Paul, Laurent Baumel ou encore Jérôme Guedj.
Cette sortie est-elle un nouveau couac au sein du gouvernement ? "C'est un peu étonnant de la part du ministre de l'Economie d'avoir une affirmation pas en phase avec les déclarations du président de la République et du Premier ministre", a déclaré à l'AFP Luc Carvounas, sénateur proche de Manuel Valls.
Pourtant, pour un proche d’Arnaud Montebourg, "il est indéniable que Matignon était au courant des propos" tenus par le ministre. "Il y a un minimum de coordination".
Matignon, sollicité par l'AFP, n'a d'ailleurs trouvé "rien de choquant, rien de nouveau" dans l'interview. "La donne européenne est en train de changer. Le président de la République et le Premier ministre agissent dans ce sens et le Premier ministre attend du ministre Arnaud Montebourg un engagement total sur la loi Croissance et pouvoir d'achat".
"Je souhaite que nous puissions convaincre nos partenaires européens de donner une priorité à la croissance. Tous ceux qui portent cette idée sont les bienvenus et c'est la position de tout le gouvernement", a déclaré de son côté François Hollande en déplacement aux Comores.
"Montebourg fait au sein du gouvernement le travail que nous faisons, nous, au Parlement, c'est-à-dire de poser les bonnes questions sur la politique économique", s'est félicité le député PS Christian Paul.
Jean-Vincent Placé, chef des sénateurs écologistes y a vu la confirmation qu'il faut "desserrer l'étau de l'austérité et de la rigueur".
Pour Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) pourtant, "si les convictions affichées d'Arnaud Montebourg sont sincères, il se doit de démissionner car il est en totale opposition avec la politique menée par François Hollande".
La présidente du Front national, Marine Le Pen, parodiant une chanson de Dalida, a jugé que c'était "toujours des mots, les mêmes mots". "Voilà plus de deux ans qu'Arnaud Montebourg dénonce très régulièrement la politique économique du gouvernement (...) Mais pour quels résultats?" Son objectif est "simplement de tenter de tromper quelques électeurs qui pourraient être sensibles à son discours!".
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