Jusqu'à présent, Nicolas Sarkozy entretenait une position floue sur le mariage pour les couples de même sexe. Mais alors que ce flou commençait à lui porter préjudice, l'ancien chef de l'État s'est déclaré samedi 15 novembre favorable à une abrogation de la loi Taubira.
Il l'a dit devant Sens commun, une association qui fait le pont entre la Manif pour tous et l'UMP. C'est une toute petite minorité du parti, qui compte à peine 5.000 membres, mais une minorité agissante.
Quand Nicolas Sarkozy est arrivé dans la salle, le public était impatient. Le candidat a même été chahuté par moment parce qu'il tardait à répondre. Il faut dire que Bruno Le Maire lui avait bien savonné la planche, en lui adressant cette pique : "Car au moins j'ai le courage de venir vous dire en face quelle est ma conviction et de ne pas me cacher derrière une élection pour ne pas dire ce que je ferai si je suis élu président de l'UMP."
Nicolas Sarkozy ne pouvait pas reculer. Il a donc donné à la salle ce qu'elle avait envie d'entendre. "Moi je crois à la différence, je veux un mariage pour les homosexuels, un mariage pour les hétérosexuels qui tiennent compte justement de la différence", a-t-il lancé.
Tant pis si ça doit devenir une usine à gaz, un nouveau mariage gay qui n'annulera pas les mariages passés sous la gauche, tant pis si ça ne correspond pas à l'évolution des mœurs constatées dans les sondages. Nicolas Sarkozy n'oublie pas que le 29 novembre ce sont les militants UMP qui le feront roi et que l'UMP aujourd'hui se gagne par la droite.
Pourtant cela pourrait lui poser problème pour la présidentielle de 2017. Selon un sondage Ifop, 68% des Français se disent favorables au mariage homosexuel. Mais Nicolas Sarkozy fonctionne étape par étape : d'abord gagner le parti, en redevenir le chef, le refonder de manière à aborder la primaire en position de force.
Les sondages plébiscitent Alain Juppé, qui lui à l'inverse penche de plus en plus à gauche. Il a dit au journal Les Inrocks être favorable à l'adoption pour les couples de même sexe. Mais Nicolas Sarkozy a choisi de cliver, de coller aux militants, plutôt qu'aux sondages. Efficace à court terme pour faire le plein à l'UMP, cette stratégie pourrait se retourner contre lui dans quelques mois.
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