C'était son premier journal télévisé en tant que premier ministre. Nommé en début d'après-midi à Matignon par Emmanuel Macron, Édouard Philippe était l'invité de Gilles Bouleau sur TF1. "Je veux bien croire que la tâche soit considérable", a mesuré le nouvel occupant de Matignon, qui a déclaré, en tant que membre du parti Les Républicains, n'être "pas du tout dans une logique de d'ouverture mais dans une logique de recomposition".
"Ce qui nous importe, c'est de trouver les bonnes personnes, qui partagent cette ambition pour la France et refusent cet esprit de sectarisme", a détaillé le député-maire du Havre. "Le ciment, c'est l'idée qu'il faut recomposer la vie politique française, servir les Français." Interrogé sur sa nomination, Édouard Philippe s'est déclaré "honoré" d'avoir été choisi par Emmanuel Macron, qu'il connaît depuis un dîner en 2011. Il ne l'avait pas directement rallié pendant la campagne présidentielle, alors qu'il avait retiré son soutien à François Fillon.
Néanmoins, Édouard Philippe déclare regretter que sa famille politique n'ait pas appelé clairement à voter en faveur d'Emmanuel Macron lors de la qualification de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. "J'ai tout de suite été frappé par son intelligence très vive et sa pensée personnelle, pas du tout convenue", a-t-il salué.
Interrogé sur son engagement au sein du parti Les Républicains alors qu'Emmanuel Macron a été porté par "En Marche !" devenu La République En Marche, Édouard Philippe a éludé la question sans dévoiler ce qu'il allait advenir de sa carte au parti de la rue de Vaugirard. "Quand je me suis engagé en 2002, je pensais que ça avait du sens de fusionner les droites et les centres. Tout le monde est venu à part François Bayrou", a-t-il répondu. Lors de la passation de pouvoir avec Bernard Cazeneuve, il avait insisté sur le fait qu'il était "un homme de droite".
Le nouvel occupant de Matignon est également revenu sur le projet de réforme du code du travail porté par Emmanuel Macron. Ce dernier veut s'y attaquer dès cet été, au moyen d'ordonnances. "Le Président s'est engagé sur ce projet, il a indiqué qu'il semblait que cela était indispensable. Il ne faut pas le supprimer mais le transformer car il y a un très lourd code du travail en France (...). Il faut faire quelque chose et dans la transparence, il a indiqué qu'il souhaitait moderniser cela et le faire par ordonnance et cette voie, ce n'est pas le refus des discussions".
Pour Édouard Philippe, la prochaine échéance est très proche. Mardi 16 mai, la composition du gouvernement dont il dirigera l'action sera annoncée. "Je suis en train de proposer un gouvernement. Il s'agit de dessiner le gouvernement qui sera rassembleur au niveau des compétences. La première question qu'on se pose : est-ce qu'on va être capable de donner à la France une majorité de progrès ? C'est dans cet esprit que j'essaie de constituer cette liste. (...) Ce que propose le président de la république, c'est une majorité issue de la droite comme je le suis, issue de la gauche comme il peut l'être... Ça ne s'est jamais fait".