Le vice-président de l'Assemblée nationale, Denis Baupin, accusé de harcèlement et d'agression sexuelle, selon Mediapart
Mediapart et France Inter ont recueilli plusieurs témoignages, dont ceux de quatre élues, qui relatent, à visage découvert, des faits pouvant être qualifiés d’agression et de harcèlement sexuels attribués au député de Paris, Denis Baupin.

Le vice-président de l'Assemblée nationale, l'écologiste Denis Baupin, est mis en cause pour des faits pouvant relever de harcèlement sexuel voire d'agression sexuelle, selon les informations révélées lundi 9 mai par Mediapart et France Inter après une enquête de plusieurs mois. Parmi les nombreux témoignages recueillis par les journalistes figurent ceux de quatre élues, qui relatent ces faits à visages découverts. C'est notamment le cas de Sandrine Rousseau, actuelle porte-parole d'Europe-Écologie-les-Verts.
Elle évoque une scène qui aurait eu lieu en octobre 2011 lors d'une réunion de préparation de son parti à la présidentielle. "Je suis sortie de la salle, et dans le couloir qui longeait cette salle, Denis Baupin est venu, m'a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m'embrasser". Lorsqu'elle en parle à un membre de la direction du parti, celui-ci répond par un laconique : "Ah, il a recommencé".
C’était du harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces. Il y avait des moments où on en avait plus, c’était par salves…
Isabelle Attard députée du Calvados depuis juin 2012
Elen Debost, adjointe au maire du Mans en charge de la Jeunesse, explique de son côté avoir reçu, comme d'autres victimes, des SMS de la part de Denis Baupin, qui a quitté EELV le 18 avril dernier. "Au total, j’ai reçu une centaine de messages. Du type : 'Je suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissarde', 'J’adore les situations de domination. Tu dois être une dominatrice formidable', 'J’ai envie de voir ton cul', raconte-t-elle. J'ai été prise dans ce que toutes les femmes disent quand elles sont victimes de violences : elles culpabilisent, elles se sentent fragiles, isolées. C'est tout ce que j'ai ressenti à ce moment-là et qui m'a empêchée de porter plainte. Je ne suis pas fière de ne pas avoir porté plainte".
Isabelle Attard, députée du Calvados depuis juin 2012, a quitté son parti en décembre 2013 en raison de désaccords politiques et se présente désormais comme "députée citoyenne" mais reste rattachée au groupe écologiste de l’Assemblée nationale. De juin 2012 jusqu’à son départ d’EELV, elle explique avoir reçu des dizaines de SMS de Denis Baupin. "C’était du harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces. Il y avait des moments où on en avait plus, c’était par salves. Et c’était plutôt quand on était à l’Assemblée, entre le mardi et le jeudi", précise-t-elle.
"C’était par exemple : 'J’aime bien quand tu croises tes jambes comme ça'. C’était même crûment dans des réunions ou des déjeuners de travail le fait de me proposer d’être mon amant. Au début, c’est dit sur le ton de la rigolade. Et puis, cela devient vite très lassant, pénible."
Denis Baupin n'a pas réagi
De toutes les femmes qui témoignent, aucune n'avait publiquement évoqué ces faits jusque-là, ni porté plainte. Les faits sont, pour la plupart, prescrits au pénal. Sollicité à de multiples reprises par les journalistes qui ont mené cette enquête, Denis Baupin n’a pas donné suite et a renvoyé vers ses avocats, qui n'ont accordé ni entretien, ni rendez-vous, ni réponse aux questions qui leur ont été adressées.
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