Le projet de révision constitutionnelle "ne retient pas" l'extension de la déchéance de nationalité, annonce Christiane Taubira
En déplacement en Algérie, la garde des Sceaux a confirmé que le gouvernement renonçait à la déchéance de nationalité, ce mardi 22 décembre.

"Le projet de révision constitutionnelle qui sera présenté en Conseil des ministres", mercredi 23 décembre, "ne retient pas cette disposition", qui aurait inscrit dans la Constitution la déchéance des binationaux nés français condamnés pour acte de terrorisme, a annoncé Christiane Taubira à la radio algérienne Chaîne 3. Évoquant un "sujet extrêmement sensible", la garde des Sceaux a jugé que "c'est une décision qui ne peut avoir d'efficacité dans la lutte contre le terrorisme".
Taubira attachée au "principe fondamental" du droit du sol
"En termes d'efficacité, ce n'est pas une mesure probante (...) Cette déchéance de nationalité sur des personnes nées françaises, qui appartiennent depuis leur naissance à la communauté nationale, ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, auquel je suis profondément attachée, et qui est, dans l'histoire de la construction de la communauté française sur une base civique, un pilier fondamental", a assuré Christiane Taubira.
François Hollande avait évoqué le 16 novembre devant le Congrès l'inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité des binationaux nés français, trois jours après les attentats jihadistes de Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts. Mais, depuis, de nombreuses critiques se sont élevées contre ce projet, qui fait craindre à ses détracteurs une remise en cause du droit du sol, et une discrimination envers les 3,5 millions de binationaux.
Une réforme "coquille vide" selon Wauquiez
Après cette annonce, Laurent Wauquiez a condamné "les reniements et les doubles discours du gouvernement". "Si tel était le projet présenté demain, je ne vois pas comment les Républicains pourraient voter une telle réforme de la Constitution qui ne serait qu'une coquille vide", a précisé le numéro 2 des Républicains, ajoutant que "la présence au gouvernement de Mme Taubira et de son idéologie laxiste empêche la mise en œuvre d'une vraie politique de sécurité".
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