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"Le général Juppé veut montrer qu'il est à la manœuvre", décrypte Alba Ventura

REPLAY / ÉDITO - Pour le maire UMP de Bordeaux, il est temps d'affirmer sa différence. Mais il ne suffit pas d'être "le meilleur d'entre nous", prévient la journaliste.

Alba Ventura
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Crédit : Alba Ventura
"Le général Juppé veut montrer qu'il est à la manœuvre", décrypte Alba Ventura
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"Le général Juppé veut montrer qu'il est à la manœuvre", décrypte Alba Ventura
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L'invité de RTL - Alba Ventura
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C'est une grosse semaine qui s'annonce à l'UMP. Mardi 5 mai se tient un bureau politique au cours duquel doit être entérinée l'idée d'un référendum sur le nouveau nom du parti, "les Républicains". C'est le moment que choisit Alain Juppé pour ressortir du bois.

Le maire de Bordeaux est clairement reparti à l'offensive. Il s'était volontairement retranché dans son département de la Gironde à l'occasion des élections départementales. Il s'était fait discret. Inutile de venir parasiter la campagne tambour battant de Nicolas Sarkozy. À part une petite bataille à fleurets mouchetés sur le mode "à qui revient le succès de ces départementales ?", Alain Juppé avait laissé Nicolas Sarkozy, chef du parti, sur le devant de la scène.
Mais les départementales, c'est fini. Avant de repartir pour les régionales à la rentrée, il faut que le général Juppé montre qu'il est à la manœuvre. On a vu, ce week-end dans le journal Le Monde, un grand article avec une photo d'un petit groupe autour d'Alain Juppé. On est dans les petits bureaux que loue l'ancien Premier ministre à deux pas de l'Assemblée nationale. Le décor est sommaire : meubles blancs, pas de photo sur les murs. Pas de chichi, sobre. Rien qui ne vienne perturber le travail.

Quatre livres programmatiques

C'est là que s'élabore la méthode Juppé. Dans l'article, l'état-major juppéiste détaille l'organisation. Les lieutenants expliquent que tous les groupes de travail sont constitués comme des cabinets ministériels. On y apprend qu'Alain Juppé va publier quatre livres programmatiques sur les seize prochains mois : l'éducation, l'immigration-laïcité, l'économie, et l'Europe-international".

"On n'a pas de parti, mais on est organisé"
: c'est le message que l'on veut faire passer dans le camp Juppé.

Pourquoi maintenant ? Parce que Nicolas Sarkozy est en train de marquer des points. Parce que le parti, ça compte. Parce qu'il ne faut pas se laisser distancer, ne pas se contenter d'être le chouchou des bobos, ou la personnalité de droite préférée de la gauche dans les sondages.

Il faut qu'Alain Juppé arrive à démontrer qu'il en a sous le pied, et pas seulement dans le cerveau

Alba Ventura

C'est bien joli d'être le héros "vintage" du magazine les Inrocks, ce magazine branché de gauche qui avait mis Alain Juppé en "une" en novembre dernier. Mais être "bankable", comme on dit d'un acteur sur lequel la production a misé parce que ça marche bien pour lui, cela ne suffit pas. 

Il faut aussi séduire la droite et convaincre les militants de l'UMP. Il faut aussi montrer que l'on a une équipe, que l'on n'est pas seul. Il faut montrer que l'on en veut, que ce n'est pas parce que Nicolas Sarkozy est le chef de l'UMP qu'il va automatiquement gagner les primaires.

Il faut qu'Alain Juppé arrive à démontrer qu'il en a sous le pied, et pas seulement dans le cerveau. Alors que  l'un de ses proches explique justement dans l'article du Monde : "La matière grise est de notre côté".

Faire de l'estrade pour gagner

N'est-ce pas un peu prétentieux de dire cela ? "Un peu ?" C'est même un peu "arrogant". Ainsi peut-on lire dans l'article : "Nous on fait le pari du sérieux, pas du populisme" ou "L'avantage d'Alain Juppé, c'est qu'il a une colonne vertébrale". Tout ça est vrai, mais c'est aussi tout le problème d'Alain Juppé.

Bien sûr qu'Alain Juppé est un homme intelligent. C'est ce qu'on dit de lui, et il le pense. Mais pour gagner une campagne, il faut aussi être plus malin. Il faut aussi faire de l'estrade et être capable de trouver des slogans. Une campagne ça ne se joue pas seulement à l'intelligence, sinon Simone Veil aurait été présidente, et Édouard Balladur serait aussi passé par l'Élysée.
Qu'Alain Juppé continue d'affirmer sa différence, c'est normal : la campagne est encore loin. Mais pour la suite, il ne pourra pas seulement se contenter d'être "le meilleur d'entre nous". Il faudra aussi qu'il soit le meilleur sur scène.

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