C'est une révélation fâcheuse pour Laurent Wauquiez, candidat favori à la présidence du Parti Les Républicains. Le magazine Lyon Capital épingle le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne pour s'être de nouveau mis en détachement de son poste au sein du Conseil d'État.
Une position qui permet à l'élu, parallèlement à sa carrière politique, de conserver son avancement et de cumuler des points de retraite en tant que maître des requêtes, son grade. Laurent Wauquiez continue de bénéficier de droits à la retraite depuis 13 ans pour... un travail de deux mois seulement au Conseil d'État.
Sorti major de sa promotion à l'École nationale d'administration (ENA), Laurent Wauquiez a commencé sa carrière en tant que fonctionnaire au sein du Conseil d'État en 2001 avant d'être promu maître des requêtes le 1er avril 2004. Mais rapidement, le Républicain se consacre à sa carrière politique et participe à la campagne des législatives partielles, où il est élu député de la Haute-Loire.
Sitôt élu, Laurent Wauquiez passe alors de la position de disponibilité à celle de détachement "bien plus avantageuse puisque les fonctionnaires détachés conservent leurs droits à avancement et à la retraite", précise le Conseil d'État cité par Lyon Capitale.
Cette pratique n'est pas illégale, comme le détaille le magazine lyonnais dans son article publié mercredi 13 septembre. Et ce, malgré la loi Cahuzac. En effet, selon la loi sur la moralisation de la vie politique en 2013, consultable sur le site de l'Assemblée nationale, "les fonctionnaires élus au Parlement seront désormais placés en position de disponibilité, et non plus de détachement, pendant la durée de leur mandat", ce qui ne leur permet plus "d'acquérir de droits à l'avancement et de droits de pension".
Mais cette mesure ne devait entrer en vigueur qu'en 2017, "à compter du premier renouvellement de l'Assemblée". De ce fait, Laurent Wauquiez n'a jamais été concerné par cette loi alors qu'il était député sous la précédente législature et qu'il est aujourd'hui président de région, une fonction qui n'est pas visée par le texte.
Interviewé par FranceInfo, le président de l'association anticorruption Anticor, Jean-Christophe Picard, dénonce un système "choquant et indéfendable". "C'est une faille du système dont certains profitent et qu'il faut corriger. Il faut imposer un cadre législatif aux élus locaux et limiter le cumul de retraites liées aux mandats", estime-t-il.
À l'inverse de Laurent Wauquiez, plusieurs élus ont quitté le poste qu'ils occupaient dans la fonction publique afin de se consacrer pleinement à leur carrière politique.
En 2012, Bruno Le Maire avait en effet décider de démissionner de la fonction publique, assurant que le statut d'élu était "incompatible avec le maintien dans la fonction publique, c'est une question d'équité". Trois ans plus tard, Nathalie Kosciusko-Morizet avait fait de même, ainsi qu'Emmanuel Macron le jour de sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle.
En 2014, une polémique du même type avait éclaté au sujet de François Hollande. L'hebdomadaire Marianne avait en effet révélé que l'ancien président de la République était en détachement de la Cour des comptes depuis plus de 30 ans et en conservait les avantages. L'Élysée avait cependant précisé qu'il avait démissionné en 2012.
Commentaires