Christiane Taubira a démontré que la rhétorique était son point fort. Et ce mardi 23 juin, c'est le député des Républicains Éric Ciotti qui en a fait les frais, la ministre de la Justice répondant avec une ironie mordante à une des interpellations, sous les rires de l'Assemblée nationale et les applaudissements de quelques députés socialistes.
Lors de la séance des questions au gouvernement, l'élu des Alpes-Maritimes demande à la garde des Sceaux, dont il dénonce régulièrement le laxisme, "jusqu'où" elle irait dans ses "provocations à
l'égard du Premier ministre", estimant qu'elle avait franchi une "étape
supplémentaire" en lui posant un "ultimatum" sur l'examen au Parlement
de sa réforme de la justice des mineurs. Vendredi, Christiane Taubira avait en effet déclaré "qu'elle n'assumerait pas" que la réforme de la justice des mineurs,
promise par François Hollande et qui se fait attendre, ne soit pas
réalisée.
Une attaque classique pour un député de l'opposition, dont la réponse va rapidement se transformer en exercice de stand-up. Un petit sourire aux lèvres, la ministre lui demande alors pourquoi elle "l'obsède" tant. "J'avoue que, malgré toutes ces années passées, vous conservez pour moi quelque chose de mystérieux. Je me demande si, lorsque vous affirmez certaines choses, vous y croyez vraiment. Si c'était du temps de ma fringante jeunesse, j'aurais supposé un sentiment contrarié" a-t-elle déclaré sous les rires à gauche mais aussi d'une partie de la droite, même si quelques députés Les Républicains ont crié "lamentable". "Cet hémicycle tout entier à déjà constaté à quel point je vous obsède avec une constance qui appelle l'admiration", lui lance-t-elle encore.
Passée cette première salve, la ministre de la Justice enchaîne avec ironie sur le sort de Manuel Valls : "C'est la première fois que le Premier ministre aurait besoin d'un défenseur. Compte tenu de sa personnalité et de son autorité, nous avons du mal à comprendre non seulement qu'il aurait besoin d'un défenseur mais en plus dans ces rangs là".
Une fois maîtrisée la forme, Christiane Taubira répond finalement sur le fond. Sur sa réforme de la justice des mineurs, dont Éric Ciotti a espéré qu'elle ne soit pas débattue dans l'hémicycle d'ici la fin du quinquennat, elle lui répond que l'ordonnance de 1945 était devenue "illisible et incohérence" avec "37 modifications" dans les deux précédents quinquennats. "Vous vous livrez à un exercice solitaire lorsque vous vous prétendez qu'elle est efficace", a-t-elle conclu, en restant dans la même verve.
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