C'est un sérieux coup d'accélérateur. Avant de dévoiler son programme le 2 mars prochain, Emmanuel Macron dévoile thématique par thématique les mesures phares de son projet présidentiel. Après l'écologie, la sécurité et la santé, le candidat d'"En Marche !" détaille ses propositions économiques, dans une longue interview aux Échos.
Cette accélération se traduit aussi dans les deux ralliements clés obtenus par l'ancien ministre de l'Économie : François Bayrou et François de Rugy. L'un centriste et l'autre écologiste ont annoncé le même jour qu'ils souhaitaient faire une alliance avec lui. "Face à la crise, l'Europe s'est enfermée dans une politique économique inadaptée s'engageant dans une politique d'austérité à contretemps alors que les États-Unis ont opté bien plus efficacement pour une relance temporaire", explique-t-il.
Emmanuel Macron souhaite mettre en place une "politique fiscale plus réaliste". Afin d'y parvenir, il envisage de faire des "baisses d'impôts équitablement entre ménages et entreprises (...) Sur le quinquennat, mon objectif est d'aboutir à une baisse nette des prélèvements obligatoires de 20 milliards, pour soutenir le pouvoir d'achat et l'investissement".
Il propose de laisser "les couples pourront choisir d'individualiser leur impôt sur le revenu" et assure qu'il y aura "prochainement une autre mesure de réduction d'impôt, pour environ 10 milliards d'euros qui sera mise en oeuvre au début du quinquennat et qui visera les classes populaires et les classes moyennes".
Concernant le chômage, "il y a aura une décentralisation des négociations sociales : c'est la loi qui définira l'ordre public social (...) Il faut assumer davantage de flexibilité, indique l'ancien ministre de l'Économie. Je n'ai pas peur du mot pour adapter notre droit du travail aux mutations en cours". Il mise aussi sur une réforme de l'Unedic qui devrait permettre "d'aller vers une assurance-chômage universelle".
Sur le déficit, le candidat d'"En Marche !" souhaite construire un nouveau modèle de croissance avec un plan d'investissement public de 50 milliards d'euros sur la période du quinquennat, "en plus du soutien fiscal à l'investissement privé". Il souhaite consacrer 15 milliards d'euros à la transition écologique et énergétique. 15 autres milliards seront aux "compétences et aux qualifications des Français avec un plan de formation ambitieux des jeunes et des demandeurs d'emplois".
Spécifiquement sur la formation, Emmanuel Macron annonce vouloir "une vraie sécurité professionnelle". "On vous trouvera une formation vraiment qualifiante. Le service public vous donnera accès à une nouvelle formation, et le demandeur d'emploi, une fois formé, devra accepter les offres qui lui sont proposées", ajoute-t-il.
Qu'en est-il du couple franco-allemand ? Il est nécessaire de "recréer de la confiance dans le couple franco-allemand. Mieux vaut un dialogue franc et exigeant que des rodomontades". Ainsi, il mise sur une "politique courageuse de réformes sur le plan structurel". Il y glisse un tacle à François Fillon. "Ce n'est pas ce que propose François Fillon, lui qui annonce un gros choc fiscal au début et des économies pour plus tard, comme en 2007. Personne ne s'est d'ailleurs demandé comment il arrivait à faire à la fois 100 milliards d'économies et une croissance de 2,3% ce qui est impossible", affirme-t-il.
Le candidat à l'élection présidentielle déclare aussi que le "poids de la dépense publique devra être progressivement ramené vers la moyenne de la zone euro". Il souhaite mettre en place "une baisse de 3 points de la part des dépenses dans la richesse nationale", soit 60 milliards d'économies sur le quinquennat, soit un tout petit peu plus que la promesse de François Hollande en 2012. Il vise "25 milliards d'économies sur la sphère sociale", dont 15 milliards sur l'Assurance maladie et 10 milliards sur l'assurance chômage, "grâce aux réformes structurelles".
Les collectivités locales devront elle aussi faire un effort de 10 milliards mais ce sera à elles d'identifier là où les coupes seront nécessaires. Pour les fonctionnaires, Emmanuel Macron compte revenir au jour de carence, une mesure de droite abrogée par François Hollande. Le candidat d'"En Marche !" envisage la possibilité de ne pas renouveler 120.000 postes de fonctionnaires mais il laisse ce dossier délicat à la charge de son futur gouvernement resserré, composé "d'une quinzaine de ministres".
Commentaires