Lors du grand débat de la présidentielle, réunissant mardi 4 avril les onze candidats, Marine Le Pen n'a pas été épargnée sur les "affaires". La présidente du Front national a été dans le viseur de Philippe Poutou, qui a mis sur la table le dossier des soupçons d'emplois fictifs des assistants parlementaires du FN au Parlement européen. Le représentant du Nouveau parti anticapitaliste a notamment mis l'accent sur le refus, comme la loi le lui permet, de son adversaire de se rendre à la convocation des juges en vue d'une mise en examen. "Pour quelqu'un qui est anti-européen, ça ne gêne pas de piquer de l'argent de l'Europe. En plus, le FN qui se dit anti-système, ne s'emmerde pas du tout et se protège grâce aux lois du système, l'immunité parlementaire, et donc refuse d'aller aux convocations policières".
Au micro de RTL, au lendemain de cet échange houleux, Gilbert Collard a lancé la riposte. Le député du Gard a tenu à faire une mise au point sur la dimension juridique de l'immunité parlementaire accordée aux eurodéputés. "L'immunité n'est pas le système. C'est la loi. Si les juges respectaient la loi, ils auraient demandé la levée de l'immunité avant de la convoquer. Entrons un peu dans la technique juridique très simple. Une immunité parlementaire existe depuis Mirabeau (...) L'immunité, c'est un droit", a-t-il déclaré à propos de cette disposition empêchant les juges de toute acte de coercition, à moins que le Parlement européen n'en vote sa levée sur demande de la justice.
Le secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine a également tancé Philippe Poutou sur sa remarque concernant "l'immunité ouvrière" dont il ne dispose pas : "Mon œil ! Quand il y a eu l'affaire des agressions contre Air France (notamment la séquence de la chemise arrachée du DRH, ndlr), ils ont crié au scandale quand on a arrêté les auteurs de violences, quand on les a convoqués. Eux, ils veulent l'immunité de coups et blessures ! Ce n'est quand même pas la même chose".
Gilbert Collard s'est toutefois dit "très intéressé par la spontanéité du discours des petits candidats" et s'est dit ravi de les voir sortir de ce formatage de "la langue de bois" qu'il qualifie de "cercueil de la démocratie".