Il était attendu sur ce thème. Dans son allocution de rentrée à la salle Wagram de Paris (XVIIe arrondissement), jeudi 8 septembre dans le cadre d'un colloque sur "La démocratie face au terrorisme", François Hollande s'est longuement exprimé sur la laïcité et l'exercice des cultes en France.
Au milieu d'un discours aux allures de campagne, le chef de l'État a d'abord tenu à réaffirmer le principe de laïcité qui "n'est pas une mystique" tout en rappelant son sens : "Ce n'est pas une religion de l'État contre les religions. La laïcité est un ensemble de règles de droit. C'est avant tout un principe de neutralité qui s'impose à l'État mais aussi aux citoyens qui doivent la respecter. L'État garantit à chacun le droit de croire ou de ne pas croire, d'exercer son culte, d'exprimer ses opinions religieuses, pourvu, comme l'énonçait la Déclaration des droits de l'Homme, que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public".
Dans le contexte social lourd que connaît le pays, la question de l'islam a été abordée en détail. Dans un premier temps, François Hollande a concédé que la loi de 1905 sur la séparation de l'État et des organisations religieuses "a été conçue à un moment où l'islam ne concernait qu'une infime partie de la population". De manière à justifier l'existence du débat, il s'est également interrogé sur le fait de savoir si ces "principes posés il y a plus d'un siècle restent adaptés" pour ce qui est désormais "la deuxième religion de France".
Au-delà de ces réflexions, le président s'est refusé à laisser penser que l'islam en tant que tel serait en défaut avec les valeurs de la République. "L'islam peut-il s’accommoder de la laïcité, comme l'ont fait le catholicisme, les religions réformées et le judaïsme ? Peut-il admettre cette séparation de la foi et de la loi qui est le fondement même de la laïcité ? Ma réponse est oui. L'immense majorité de nos compatriotes musulmans nous en donnent chaque jour la preuve en pratiquant, à des degrés divers, la religion sans nullement troubler l'ordre public", a affirmé le locataire de l'Élysée, longuement applaudi en prononçant ces paroles.
Après avoir assuré qu'il n'envisageait pas de "législation de circonstance", en référence directe au souhait de Nicolas Sarkozy sur le burkini, François Hollande a réaffirmé son souhait de développer un "islam de France". Pour cela, il a rappelé ses trois décisions : la "remise sur pied" de la Fondation pour l'islam présidée par Jean-Pierre Chevènement, la création d'une association nationale pour financer la construction de mosquées et la formation française des imams.