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François Hollande : 4 conseils pour se remettre de la polémique "Un président ne devrait pas dire ça"

INTERVIEWS - Le Président subit les défiances au sein de son propre camp. Comment peut-il redresser la barre ? Décryptage avec deux spécialistes.

François Hollande, à Florange le 17 octobre 2016
François Hollande, à Florange le 17 octobre 2016
Crédit : Frederick FLORIN / AFP
Marie-Pierre Haddad

Ses confidences aux journalistes lui auront coûté cher. François Hollande essuie depuis plusieurs jours une polémique, après la sortie du livre Un président ne devrait pas dire ça. La controverse a pris une ampleur telle que le chef de l'État s'est exprimé sur le sujet : "Il ne faut jamais se laisser emporter par tel ou tel bout de phrase, sorti de son contexte. Ce qui m'importe, et je ne cesserai de le faire, c'est de restituer la cohérence de mon action", assure le président de la République, réaffirmant qu'il prendra sa décision sur une éventuelle candidature "au début du mois de décembre (...) Je peux entendre les doutes et les impatiences, mais mon devoir, avec le gouvernement de Manuel Valls, est d'avancer et d'agir sans relâche pour les Français et notamment pour faire baisser le chômage".

Toujours silencieux à propos d'une éventuelle candidature, François Hollande s'efforce néanmoins de faire son bilan. "Depuis quatre ans et demi, les critiques d'une minorité, c'est vrai, nuisent à la perception de la cohérence. Mais, avec le recul, nous pouvons maintenant apprécier l'action menée depuis 2012. Nous avons redressé le pays tout en préservant notre modèle social (la santé et les retraites). Nous devons revendiquer ce bilan", assure-t-il.

Des proches qui ne semblent plus y croire

La pilule est d'autant plus difficile à avaler pour les proches du président de la République, qui montrent, pour certains, des premiers signes de doute. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste, estime, à l'antenne de RTL, "qu'il aurait été plus juste d'écrire un livre mais pas de se confier à tant de journalistes". Il souligne cependant que les critiques sont "excessives" et en deviennent "maladives".Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et quatrième personnage de l'État, s'interroge sans détour sur la "volonté" de François Hollande de se représenter, percevant "une hésitation" dans ses confidences. D'après lui, "un président doit entretenir le feu sacré de la République. Un président ne doit pas autant se confesser". 

L'esprit de Jean-Marc Ayrault n'est pas plus rassuré. Le ministre des Affaires étrangères tacle son président. D'après lui, "la réponse est dans le titre, c'est la seule chose intéressante du livre". Plus nuancé, mais tout aussi sévère vis-à-vis du chef de l'État, Manuel Valls assure depuis le Canada, où il effectuait un déplacement, que "tous ces débats, toutes ces discussions (...) ne sont pas bons pour la vie politique et la vie démocratique". Dans le même temps, des proches de Manuel Valls assurent que ce dernier se prépare de plus en plus à une éventuelle candidature pour 2017.

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Le doute s'est emparé des proches du président de la République. Selon nos informations, une réunion de crise a été organisée avec François Hollande, Michel Sapin, Stéphane Le Foll, Jean-Yves Le Drian et Ségolène Royal. François Rebsamen et Bruno Le Roux y ont également pris part. L'objectif est d'éteindre le violent incendie provoqué par la sortie du livre des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Selon Pauline de Saint-Rémy, journaliste politique de RTL, il est aussi question "d'un appel des parlementaires socialistes à la candidature de François Hollande à l'élection présidentielle de 2017".

1. Redevenir audible en tant que président

Selon Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'université Paris II (Institut Français de la Presse), contacté par RTL.fr, la crise n'est pas due au livre mais plutôt au fait que sa sortie "a torpillé l'interview de François Hollande à L'Obs". Il ajoute : "Il ne faut pas surjouer la gravité des choses mais avec cette polémique, on a le sentiment que c'est un couac supplémentaire et que le Président ne maîtrise toujours pas sa communication. Cet événement alimente ainsi une chronique qui montrerait qu'il est incohérent". 

Pour se remettre de ce passage à vide, François Hollande doit "sortir de son image de premier secrétaire du Parti socialiste et d'analyste politique", estime Mathilde Aubinaud, professeur de communication au sein de l'Inseec, contactée par RTL.fr. Son principal défaut ? "Il n'est plus audible en tant que président". Pour retrouver son aura et sa stature, "il est nécessaire de prendre de la hauteur, en se recentrant sur ses proches qui sont des figures fortes et qui vont le protéger et en reprenant la parole sur des sujets fondamentaux. C'est d'ailleurs en rendant sa parole plus rare que son message sera plus efficace et plus intense. Dans le cas contraire, tout est dilué", ajoute-t-elle.

Alain Juppé a critiqué l'attitude du chef de l'État. "Je voudrais prendre de la hauteur. Aujourd'hui, on a un président omniprésent mais l'omniprésence est à la mesure de son impotence si je puis dire, pas physique, mais dans la décision", a-t-il lâché.

2. Occuper l'espace médiatique

La solution de François Hollande pourrait résider dans "l'ouverture d'un contre-feu, en faisant une nouvelle intervention médiatique, de préférence face aux Français, en interaction direct avec eux". C'est donc en se positionnant "par rapport à un agenda" que le chef de l'État peut espérer se détacher de la sortie du livre Un président ne devrait pas dire ça. Il doit favoriser le retour sur le terrain pour ne plus tomber dans le commentaire politique. C'est ainsi qu'il pourra rassurer la majorité et les Français. "C'est ce qu'il a déjà commencé à faire en se rendant à Florange", note Mathilde Aubinaud. Le 18 octobre, François Hollande a fait une visite surprise au salon international de l'alimentation. Il y a souligné qu'il était très important qu'il "puisse être là" et qu'il "essaierait d'être là la prochaine fois".

3. Se concentrer sur son bilan

François Hollande doit "se concentrer sur son bilan et se construire un autre personnage", conseille Arnaud Mercier. Il a déjà présenté ses excuses. Désormais, "il doit renforcer sa séquence de pré-candidature et essayer de vendre son bilan et de valoriser son action à la tête du pays", analyse-t-il. François Hollande doit donc passer à autre chose "et ne plus commenter l’événement". Le président de la République a adopté cette stratégie depuis plusieurs mois en assurant que "ça va mieux"

Lors de son discours du 8 septembre dernier, il avait déclaré : "Pour avoir conduit depuis plus de quatre ans le combat de la République contre un fanatisme meurtrier, je n'ai aucun doute. Malgré les épreuves, les drames et les larmes, malgré la peur, l'angoisse et la souffrance, nous vaincrons. La démocratie sera plus forte que la barbarie qui lui a déclaré la guerre".

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4. Être patient

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