La polémique ne faiblit pas sur l'affaire des repas sans porc à la cantine, après la décision du maire UMP de Chalon-sur-Saône de mettre un terme aux repas de substitution. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a même contredit la patron de l'UMP. Ils ne sont pas dans leur assiette à l'UMP. Ils sont même pris "d'indigestion", si l'on veut poursuivre dans la métaphore.
C'est fascinant de voir qu'à quelques jours du premier de tour des élections départementales, ils ont réussi à se diviser et à se faire des nœuds, alors que le parti est engagé dans une réflexion sur l'islam et la laïcité, et que ces questions auraient pu être abordées plus sereinement à l'issue du scrutin.
Henri Guaino, pour vous dire la vérité, n'est pas seulement opposé à Nicolas Sarkozy. Il est aussi en colère contre lui. C'est lui qui, avec le député-maire de Tourcoing Gérald Darmanin, mène la mission sur l'islam dans la République. Sans doute ont-ils été fort surpris de voir que Nicolas Sarkozy, sur TF1, dire "niet" aux repas de substitution à la cantine, avant qu'ils ne rendent leurs conclusions. Pas de discussion ! Fermé le ban ! Cela laisse, il est vrai, peu de place au débat.
Henri Guaino parle d'"emballements électoralistes". Il y a des chances pour que ce soit ça. Il y a effectivement un gros sujet à l'UMP qui préoccupe beaucoup Nicolas Sarkozy : c'est de savoir qui, de son parti ou FN, sortira premier des urnes dimanche soir. Ce qui pose problème avec ce genre de prise de position, c'est que l'on ne sait plus très bien qui se pose en réel défenseur de la laïcité et qui est seulement animé d'arrière-pensées politiques.
Mais au-delà de ces considérations électoralistes, ce qui agite la droite - et le PS aussi - c'est l'éternelle opposition entre laïcité punitive et laïcité positive. On le voit dans le débat sur le voile à l'université, qui est un phénomène plus nouveau et qui nous interroge forcément. Est-ce que ce n'est qu'une question vestimentaire et une question d'apparence, ou est-ce que c'est une forme de prosélytisme ? Il faut en discuter sans rejeter, sans être intolérant, mais sans être non plus dans des revendications.
C'est toute la difficulté. En fait, où place-t-on le curseur de la laïcité ? Quand il s'agit de la cantine, François Bayrou a raison : "On ne met pas la laïcité dans l'assiette des enfants". Christian Jacob, maire de Provins et patron des députés UMP, explique lui que cela fait des années qu'il y a un menu alternatif dans sa ville, et qu'il n'est pas question de changer. À Chalon-sur-Saône, cela faisait trente ans qu'il y avait du poulet quand on servait du porc.
Il y a trente ans, lorsqu'il y avait du porc à la cantine, il y avait aussi des steaks. Il y avait d'ailleurs tous les jours deux plats au déjeuner. On n'en faisait pas toute une histoire.
Évidemment, il faut veiller à ce que les croyances et la religion ne viennent pas grignoter petit bout par petit bout l'espace public. Les repas hallal et casher n'ont rien à faire dans les menus des cantines. Mais de là à devenir des intégristes de la laïcité...
Il faut y prendre garde. On sait que la laïcité est constamment questionnée. C'est un sujet hautement inflammable. Essayons de ne pas la brandir comme une arme dans des périodes aussi tendues que celles que nous vivons.
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