François Hollande a donné sa première conférence d'"ex" en Corée du Sud, mardi 17 octobre. Apparemment le pays du Matin calme n'a pas apaisé l'ancien chef de l'État, qui n'a pas du tout apprécié les critiques d'Emmanuel Macron dimanche 15 octobre lors de son interview télévisée. François Hollande est vexé que son ancien jeune conseiller critique sa "présidence bavarde", critique sa politique fiscale et notamment sa taxe à 75%, le débat hystérisé sur le Mariage pour tous. Il est vexé qu'il ne se donne même pas la peine de prononcer son nom. Macron dit "mon prédécesseur", pas "François Hollande".
Mais si on doit jouer à "c'est celui qui dit qui est", c'est François Hollande qui a tiré le premier. C'était en août, au Festival du film d'Angoulême. L'ancien président avait peu apprécié de ne pas être associé aux bons chiffres de la croissance. Il avait mis en garde pour la première fois Emmanuel Macron contre "les sacrifices demandés aux Français".
On se souvient qu'à partir de là, François Hollande a fait savoir qu'il ne lâcherait rien, qu'il interviendrait dès qu'il le jugerait nécessaire. Donc il le fait, publiquement ou en privé. Il ne se gêne pas, par exemple, pour dire à ses interlocuteurs qu'il pense qu'Emmanuel Macron est "en train de gâcher ses chances". Sans doute parce que, estime- t-il, "Macron manque d'expérience politique". Vous voyez combien l'ancien protégé est tombé bas dans son estime.
"Si Emmanuel Macron avait considéré que François Hollande était un président en réussite, il n'aurait pas été candidat contre lui", dit-on à l'Élysée. Tout est dit. Emmanuel Macron n'a pas l'intention de retenir les coups contre François Hollande, pour rappeler chaque fois qu'il en aura l'occasion, dans quel état il a pris le pays. Y a-t-il de la jalousie entre les deux hommes ? Non, il y a de la déception.
Et puis il y a deux conceptions (on voit bien que l'un est plus libéral que l'autre) et deux manières d'appréhender le pouvoir. Ce sont deux spécialistes de l'économie : François Hollande, spécialiste de la fiscalité ; Emmanuel Macron, spécialiste de la finance. L'un est l'ancien conseiller de l'autre. Macron était la trouvaille de Hollande, l'audace de Hollande. Hollande, c'était pour Macron le président aux bons mots, l'homme qui lui a mis le pied à l'étrier.
Il y avait entre eux plus que du respect. Presque un lien de parenté, quelque chose d'un peu filial. Mais si Macron a finalement détesté la façon dont François Hollande a fait de la politique, Hollande n'a pas supporté ce que Macron est devenu.
Cet été, bien avant que François Hollande reprenne la parole - alors qu'il avait promis de se mettre en retrait -, Emmanuel Macron a confié à un proche : "Hollande tu verras, il va revenir parce qu'il ne sait rien faire d'autre". Nous ne sommes qu'au début de la passe d'armes entre le prédécesseur et le successeur.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.