Emmanuel Macron a encore fait fort. Après les 35 heures, le ministre de l'Économie a estimé que le statut des fonctionnaires n'était "plus justifiable". Des propos rapportés par la presse et qui ont provoqué une polémique. C'est ce qu'il pense et c'est ce qu'il a dit. Emmanuel Macron veut tout revoir. Emmanuel Macron veut tout changer. Il pense qu'il y a trop de fonctionnaires et que leur statut n'est plus adapté au monde réel. Pourtant ce n'est pas la première fois qu'il le dit. Au cours d'un déjeuner en février dernier, on l'a entendu dire que la Fonction publique ne pouvait pas rester comme elle est aujourd'hui.
La subtilité, c'est qu'il ne dit pas : "Il y a un projet de loi en préparation". Non, il dit : "Il va falloir le faire, il faut y réfléchir sérieusement, parce que si on ne le fait pas c'est la droite qui le fera, Nicolas Sarkozy l'a d'ailleurs déjà évoqué". En tout cas, cela ne passe. Mais ce n'est pas nouveau. On sait qu'il y a deux lignes très tranchées au Parti socialiste, entre ceux qui pensent que la gauche doit bouger et d'autres qui considèrent qu'il ne faut pas toucher aux acquis sociaux.
Ce que l'on voit surtout, c'est ce "flottement" au sommet de l'État, avec un François Hollande qui, au détour d'une remise de décoration, réaffirme son attachement au statut des fonctionnaires, sans démentir personnellement son ministre. Manuel Valls réaffirme lui aussi son attachement au statut de la Fonction publique, tout en expliquant qu'il soutiendra son ministre jusqu'au bout.
C'est toute l'ambiguïté du couple exécutif qui a propulsé ce jeune ministre à l'avant-garde, et qui passe son temps à le museler. À moins que ça les arrange, dans le fond, ce côté "aiguillon" de la réforme. Il y a des chances que le sujet est enterré. Le chrono est enclenché. À trois mois des élections régionales et à un an et demi de la présidentielle, on ne joue pas avec le statut des fonctionnaires.
Des fonctionnaires qui forment encore une partie du bataillon de l'électorat de gauche. Emmanuel Macron va pouvoir ranger son audace dans les grands placards de Bercy. Il va pouvoir remiser ses réformes de structures. C'est à se demander si il n'a pas été nommé pour faire jeune et joli. Si c'est le cas, c'est du gâchis.
Voilà une petite phrase de Nicolas Sarkozy pour dire que lui seul est vraiment dans l'action, contrairement à ses rivaux de la primaire. il explique en ce moment à ses visiteurs que la différence entre lui, Juppé, Fillon, Le Maire, etc, c'est qu'il "a les mains dans le cambouis, alors que les autres font de la manucure". Des propos toujours très imagés chez l'ancien chef de l'État.
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