Elizabeth Martichoux : "Manuel Valls est la seule chance de s'en sortir pour François Hollande"

Manuel Valls a détaillé mercredi 16 avril les économies du pacte de responsabilité. Ce plan cogne fort et est déjà vigoureusement contesté à gauche. La méthode Valls est centrée sur l'action. Quant à François Hollande, il reste derrière avec un Premier ministre devant. 

François Hollande passe à l'attaque par procuration

Le Président a demandé à Manuel Valls de faire du Valls. Il n'y a pas tromperie sur la marchandise pour l'instant. Il y a une semaine seulement le Premier ministre achevait la composition de son gouvernement et annonçait ce plan de rigueur spectaculaire et douloureux. 

Sur le fond, c'est sans surprise. Manuel Valls a appliqué la feuille de route du président stricto sensu. D'ailleurs, si Jean-Marc Ayrault était resté à Matignon et avait annoncé ces économies publiques, pas une seule mesure n'aurait été différente. Mais entre l'ancien Premier ministre et son successeur, il y une grande différence. Manuel Valls a l'autorité et la force de conviction dont l'Élysée a besoin.

Tout ceci change la donne pour François Hollande qui passe à l'acte par procuration. Le Président souffre d'une terrible image d'immobilisme, d'incapacité presque pathologique à agir. Compte tenu de cette impopularité, il ne peut pas s'exposer. 

Valls, seule porte de sortie de Hollande

Manuel Valls  lui permettra peut-être de modifier la perception désastreuse que les Français ont de lui. À ce titre-là, la mise en scène, le rythme et le ton adoptés sont une bénédiction pour François Hollande. Le nouveau Premier ministre est sa seule chance de s'en sortir. Selon le sondage paru dans Le Figaro, avec l'institut Opinion Way, le Président serait éliminé dès le premier tour de la présidentielle face à Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.

C'est préoccupant même si la valeur prédictive de cette enquête est très faible. D'ailleurs, on ne connaît pas les acteurs de 2017. Qui sera en piste ? Nicolas Sarkozy ? Selon nos informations, l'ancien Président se prépare à revenir mais ne s'est pas encore décidé. 

Le vote dépend d'une campagne, c'est évident. Il suffit de rappeler encore que François Hollande était crédité de 3% quand il s'est lancé en campagne. Finalement, il gagne les primaires puis l'Elysée. C'est donc de la politique fiction.

Une faible popularité scellée

Cette enquête en dit long sur la situation de François Hollande. Elle souligne qu'il est tombé dans des abîmes de rejet. Entre autres parce qu'il y a un doute immense sur sa stature présidentielle. Pourquoi ? Les Français avaient tout à fait enregistré l'annonce du pacte de responsabilité en début d'année.

Ensuite, le gouvernement a cessé de communiquer pendant trois mois. Ce décalage entre l'annonce et la réalisation est perçu de façon très négativement par l'opinion.
  
Comment retisser le lien avec les Français ? François Hollande va s'adresser à eux prochainement. Le principe est acquis mais la date n'est pas encore fixée. Cette tentative ne changera rien en terme de popularité. Il sait qu'au-delà des résultats économiques en particulier sur le chômage, il doit convaincre de sa capacité à mettre en œuvre. Il espère que l'action de Manuel Valls finira par lui profiter à moyen et long terme et ce n'est pas gagné. Ce sera de toute façon très long : la descente est toujours beaucoup plus rapide que la montée.