Ce lundi 23 novembre marque le lancement officiel de la campagne des élections régionales. Le premier tour aura lieu le 6 décembre ; le second, le 13 décembre. Dix jours après les attentats, la politique reprend ses droits. Mais c'est tellement difficile et tellement fort. Tout le monde est déboussolé et plombé qu'on peut dire que c'est le lancement officiel d'une non-campagne. Évidemment, Manuel Valls n'ira pas soutenir les candidats comme il l'avait prévu. Le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, ne peut pas repartir sur le terrain en Bretagne. D'ailleurs il a annulé les quatre meetings qui étaient prévus avant le premier tour. Au Parti socialiste, on ne va débuter la campagne que le 28 novembre.
Chez les Républicains, on se demande si l'on doit maintenir le meeting de Nice avec Nicolas Sarkozy le 26 novembre. Pas seulement pour des questions de sécurité, mais parce que ce sera la veille de l'hommage national aux victimes aux Invalides. On a vu aussi que certains avaient rapporté leurs tracts à l'imprimerie pour changer les messages. D'autres ont troqué les grandes réunions publiques pour des rencontres, des cafés-débats, à plus petite échelle, où l'on va sans doute moins parler des compétences de la région que de la sécurité et du terrorisme.
C'est une non-campagne officielle qui débute, parce qu'il sera bien difficile de stigmatiser son adversaire, il sera incompréhensible de polémiquer, et il sera impossible de se réjouir de ses bons sondages. Personne ne va donc essayer de tirer les marrons du feu ? C'est plus compliqué. Disons que la question, c'est : comment tirer les marrons du feu sans se brûler ?
On voit bien qu'au PS, on s'en remet beaucoup à François Hollande. Autant avant les attentats, c'était : "moins on en parle, mieux c'est". Autant là, c'est : "tous derrière le Président", en espérant que la mobilisation autour du chef de l'État se traduira jusqu'au bureau de vote dans quinze jours. C'est d'ailleurs ce qui inquiète à droite. Chez les Républicains, on se dit : si non seulement le PS bénéficie d'un regain de mobilisation et si en plus les attentats agissent comme "vote utile" - c'est-à-dire que l'électeur de gauche déçu finit par voter PS plutôt qu'écolo ou Front de Gauche, comme il était tenté de le faire -, cela peut contrarier quelques plans.
Un proche de Nicolas Sarkozy dit même ça pourrait être "la double peine pour nous" : un PS requinqué grâce au chef de l'État, et un FN haut grâce aux thématiques liées aux attentats. Ce qui est sûr c'est que les attentats font peser une grosse incertitude sur le scrutin des régionales. Un sondage Louis Harris, publié le 20 novembre, indique que pour 43% des sondés certains d'aller voter au premier tour, ces attaques vont jouer dans leur choix. Quatre électeurs sur dix, c'est beaucoup.
Dans cette période fortement troublée, il y a ce que l'on dit en public et ce que l'on dit en privé. Vous avez peut-être entendu au Grand Jury RTL Marion Maréchal - Le Pen dire que "François Hollande l'avait surprise, en partie positivement". En privé, elle va plus loin : "François Hollande a été à la hauteur, il s'est conduit en pater familias". Ce n'est pas souvent qu'au Front national on tresse des lauriers au chef de l'État. Ce qui fait dire à Marion Maréchal - Le Pen que les socialistes pourraient gagner quelques points au scrutin des 6 et 13 décembre prochains.
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