La crise des éleveurs a pris un nouveau tournant cette semaine. Pendant plusieurs jours, les agriculteurs ont bloqué les autoroutes à une multitude d'endroits en Bretagne, en Normandie et dans les Pays de la Loire comme ils l'avaient fait en juillet 2015. "Ce n'est pas une crise supplémentaire. C'est ce qui fait la gravité de la situation. C'est une crise européenne. Les cours sont extrêmement bas et les éleveurs porcins produisent à perte. Il faut souhaiter que les prix remontent", explique le ministre de la Défense, invité du Grand Jury sur RTL.
Jean-Yves Le Drian, qui cumule son portefeuille ministériel avec son fauteuil de président de la région Bretagne, a livré sa feuille de route pour résoudre la crise des éleveurs de porc. Il précise travailler en symbiose avec le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. "Nous allons élaborer d'ici la fin de la semaine un projet pour qu'il y ait des moyens d'aboutir. Il faut que tout le monde soit autour de la table" pour que cela fonctionne.
"Il faut faire face aux situations d'urgence et écouter la détresse des agriculteurs", a estimé Jean-Yves Le Drian. Stéphane Le Foll met en place les allègements d'emprunts. En juillet 2015, face à une première rébellion des agriculteurs, l'Etat avait pris en charge des intérêts d'emprunt de ces éleveurs dans le cadre du Fonds d'allègement des charges (FAC), à hauteur de 50 millions d'euros. Dans le même sens, l'Etat avait réalisé un effort de 600 millions d'euros, dont 100 millions d'annulations de charges et de cotisations et 500 millions de reports.
Sur RTL, le président de la région Bretagne a encouragé les producteurs à être davantage solidaires. Il faudrait que "les producteurs entre eux soient en mesure de se regrouper pour être en meilleure posture dans la négociation de l'offre qu'ils font aux abatteurs et aux distributeurs". Il a aussi préconisé une réorganisation de l'ensemble de la filière : "En France, et singulièrement en Bretagne, la filière est insuffisamment organisée entre le producteur, l'abatteur, le transformateur et le distributeur."
Jean-Yves Le Drian a préconisé aux exploitants agricoles de miser sur leur savoir-faire et leurs compétences : qualité de leurs produits, efforts réalisés sur la traçabilité. "Il y a une répartition de la valeur ajoutée qui n'est pas en faveur du producteur. Il faut reconsidérer la filière. Ça supposera aussi pour les exploitations agricoles d'aller vers davantage d'autonomie ce qui signifie une meilleure maîtrise de l'alimentation animale, de l'énergie consommée par l'exploitation et une modernisation" que les pouvoirs publics est prête à soutenir selon le ministre.