Comment le gouvernement attaque les frondeurs en prévision du congrès du Parti socialiste
DÉCRYPTAGE - L'exécutif profite des débats sur la loi Macron pour pointer du doigt "les postures" des frondeurs et l'absence d'alternative "à la gauche de la gauche".

Les débats sur la loi Macron marquent-ils une scission entre le Parti socialiste et le gouvernement ? Plusieurs attaques directes contre le congrès de juin ont été entendues dans la bouche des membres de l'équipe de Manuel Valls dans la dernière ligne droite de l'adoption de la loi sur la croissance et l'activité.
Manuel Valls ouvre les hostilités
La première d'entre elle est signée du Premier ministre lui-même. Interrogé sur l'opposition de Benoît Hamon au projet porté par Emmanuel Macron, l'ancien maire d'Evry attaque : "C'est un texte qui soutient l'activité et protège les travailleurs (...) Et quand on est député de la majorité, on s'abstiendrait ? On voterait contre ? (...) Quand on est un ancien ministre, on assume ses responsabilités (...) Pas comme avant, avec nos divisions et nos préparations de congrès (...) Les postures, c'est fini".
Certains ont fait des jeux, des postures (...) à la veille d'un congrès
Stéphane Le Foll
Même son de cloche chez Stéphane Le Foll. "Certains ont fait des jeux, des postures (...) à la veille d'un congrès. L'ambition doit rester celle de la France et des Français", déclare-t-il pour justifier l'utilisation de l'article 49-3 de la Constitution pour adopter la loi. Et Emmanuel Macron, non-encarté au PS, d'ajouter que les prises de position des frondeurs, opposés à sa loi, sont "plus utiles pour le congrès (socialiste, ndlr) que pour les Français".
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Le risque de voir le PS échapper à l'exécutif
Priés de ne pas se mêler du congrès à venir, les ministres ne signeront aucune contribution et ne prendront part à aucune motion. Ces déclarations laissent pourtant apparaître un intérêt certain pour le choix du prochain premier secrétaire du parti. Actuellement en poste, Jean-Christophe Cambadélis bénéficie du soutien de François Hollande et Manuel Valls mais risque de devoir se mesurer à des adversaires qui prônent une ligne politique bien différente de celle du gouvernement.
Benoît Hamon, qui a répondu à Manuel Valls, Emmanuel Maurel, Jérôme Guedj font partie des opposants à la loi Macron et sont les tenants d'une politique plus à gauche que celle du gouvernement. L'enjeu est donc de taille pour François Hollande, qui serait considérablement affaibli si le parti penchait plus à gauche. Les ministres font désormais passer le message qu'un virage à gauche n'est pas réaliste.
"Pas d'alternative à gauche"
"Il n'y a pas d'alternative à la gauche de la gauche, assure Jean-Marie Le Guen (...) Que fait la gauche de la gauche ? (...) Cécile Duflot fait des scores minuscules qui n'ont d'autre objet que de nous faire prendre le risque de ne pas être qualifiés au deuxième tour et que ça soit l'extrême droite qui soit élue (...) L'alternative, ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon".
La gauche qui ne fait rien ne sert à rien
Emmanuel Macron
"Il n'y a pas de majorité alternative", ajoute Stéphane Le Foll, laissant penser que consigne a été passée d'utiliser cet élément de langage. "En colère", Emmanuel Macron va plus loin : "La gauche qui ne fait rien ne sert à rien (...) Les représentants de la nation qui ne proposent rien d'autre et font de ce travail une caricature d'ultra-libéralisme, ce n'est pas à la hauteur. Ce n'est pas l'idée que je me fais de la gauche". Autant de déclarations qui laissent penser que le gouvernement est, lui aussi, entré en campagne pour le vote du 28 mai prochain. Reste à savoir si les militants socialistes adhéreront au message.