Depuis mardi 22 mai, les députés examinent la loi agriculture et alimentation. Ils vont continuer jeudi et samedi. Elle ne sera voté définitivement que le mercredi 30 mai. Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup d'amendements. Pas moins de 2.719 ont été déposés.
Ce n'est pas compliqué : lors d'une discussion, c'est le record depuis le début de la législatures, depuis l'élection des députés en juin dernier. Un collaborateur de Stéphane Travert, le ministre de l'Agriculture qui porte la loi, s'en désole. Dès que l'on parle de bouffe, tous les députés ont un avis sur la question ou une idée géniale.
Cela donne des idées saugrenues. Je vous passe toutes celles sur la nourriture dans les cantines. L'une des meilleures est, sans conteste, l'idée de défendre la "chocolatine" - c'est comme cela qu'on appelle les pains au chocolat dans le Sud-Ouest. Des députés Les Républicains ont tenté mercredi 23 mai, sans succès, de faire adopter un amendement pour que les noms locaux de produits soit reconnus et valorisés.
Cela ressemble quand même assez fortement à de l'obstruction parlementaire pour faire perdre du temps à l'Assemblée. Avec tout le respect et la gourmandise que l'on peut avoir pour les "chocolatines", c'est quand même n'importe quoi !
Il y a des choses sérieuses dans cette loi agriculture et alimentation, mais aussi beaucoup de déception. Y compris dans les rangs de la majorité. C'est pour ça que, bien plus sérieusement, une cinquantaine de députés de La République En Marche vont tenter, eux, de faire passer un amendement sur l'interdiction dans les trois ans du glyphosate, ce pesticide qui tue les insectes.
En fait ces députés - pas tous rebelles ou "frondeurs" - veulent écrire noir sur blanc dans la loi cette promesse d'Emmanuel Macron. Chez Stéphane Travert, où on s'y oppose, on y voit la pâte de Nicolas Hulot, puisque cet amendement glyphosate est porté par l'un de ses amis, Mathieu Orphelin, et une cinquantaine de députés.
Il y a un autre amendement qui risque de faire débat dans la majorité - là encore, contre l’avis du ministre de l'Agriculture : il concerne la présence de caméra dans les abattoirs. Quand on parle des animaux ou du contenu de nos assiettes, cela donne beaucoup plus de discussions et de fil à retordre pour le gouvernement que pour modifier le Code du travail ou supprimer le statut des cheminots.