Tout comme Arnaud Montebourg, Benoît Hamon veut se poser en candidat de la "fiche de paie". Le prétendant à l'Élysée a dévoilé, ce jeudi 16 mars, son programme pendant plus de deux heures. La campagne de l'ancien ministre de l'Éducation est perturbée par les divisions qui règnent au sein du Parti socialiste. Contesté au sein de son propre camp depuis sa victoire à la primaire de la gauche, Benoît Hamon doit notamment faire face à Manuel Valls, qui refuse de lui apporter son parrainage.
Mais c'est sans compter l'indéfectible soutien d'Arnaud Montebourg. L'ancien ministre du Redressement productif a renvoyé l'ancien premier ministre à son "engagement signé" de soutenir le vainqueur de la primaire. Dès le premier tour du scrutin, le candidat lui avait apporté son soutien soulignant leurs longues années d'amitié.
Le programme économique de Benoît Hamon reprend les mesures emblématiques du programme défendu par Arnaud Montebourg. Dans un long entretien au Parisien, Benoît Hamon a intégré la notion de "made in France" dans son programme. Cette dernière a été mise en avant par l'ancien ministre du Redressement productif dès 2012. À l'époque ministre au sein du gouvernement de François Hollande, il avait posé en une du Parisien Magazine, qui titrait : "Le made in France, il y croit, on l'a testé".
Le candidat à l'élection présidentielle affirme vouloir soutenir le made in France en réservant 50% des marchés publics aux TPE et PME françaises. "C'est l'une des propositions les plus importantes de mon programme économique. Cette mesure fait véritablement de la commande publique un levier à partir duquel nous pourrons stimuler le tissu économique local", précise-t-il.
Dans son programme pour la primaire de la gauche, Arnaud Montebourg affirmait vouloir "faire du made in France, une grande cause nationale". Sur son site de campagne, il précisait la même mesure que celle prônée par Benoît Hamon. Il souhaitait "lancer une politique de soutien aux PME françaises en leur réservant 80% des marchés publics".
Autre mesure commune aux programmes de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg : la "nationalisation temporaire". "Nous devons faire comme les Américains et les Britanniques. Pardon d'être aussi interventionniste qu'eux ! Je ne m'interdis pas, demain, de nationaliser temporairement. La question de la nationalisation s'était posée sur Florange ou Alstom... La question est : s'interdit-on une solution qui peut être la bonne pour maintenir l'emploi, les savoir-faire industriels ? Je ne m'interdis pas par dogme ou par idéologie d'utiliser tous les instruments qui peuvent être mobilisés pour maintenir la compétitivité de notre industrie et les emplois", explique Benoît Hamon.
En 2012, dans un entretien au Monde, Arnaud Montebourg expliquait que le concept de "nationalisation temporaire" était "une solution d'avenir". "C'est l’arme dont dispose la puissance publique pour lutter contre la désindustrialisation et préserver des capacités de production stratégiques, et ce partout à travers le monde, où nous vivons la fin du cycle libéral inauguré il y a trente ans par Ronald Reagan et Margaret Thatcher", expliquait-il.
Benoît Hamon souhaite mettre en place "une taxe sur les superprofits des banques" et que "les banques que nous avons collectivement aidées à survivre à la crise participent à la sortie de crise". En août 2016, Arnaud Montebourg expliquait avoir "une vision patriotique de la finance", à l'antenne de RTL. Il ajoutait que "l'alliance des forces productives et la finance doit apporter son écho à l'effort national. Si nous voulons reconstruire une industrie, ravagée par la crise, nous avons besoin d'argent et d'une banque qui prenne des risques. La Banque publique d'investissement (BPI), c'est bien mais je souhaite reconstruire ce que l'on a privatisé il y a 20 ans, le Crédit national".
L'ancien ministre de l'Économie proposait également une "grande loi de séparation bancaire et d'interdiction des activités spéculatives. En décembre 2016, Arnaud Montebourg expliquait vouloir "libérer les Français du système bancaire qui s'est détourné de leur besoins et du soutien à l'économie réelle. C'est la création de la banque d'encouragement au risque et c'est la loi de séparation bancaire qui a été manquée qu'il faudra reprendre avec amplification". Lors de sa conférence de presse de ce jeudi, Benoît Hamon expliquait qu'il "souhaite réviser la loi de séparation bancaire en cantonnant réellement et effectivement, l'ensemble des activités de marché des banques".
Sur France Inter, Arnaud Montebourg a "remercié" Benoît Hamon "d'avoir repris une partie du programme made in France" qu'il défendait". Le candidat a précisé de son côté qu'il ne "cherchait pas à faire plaisir à Arnaud Montebourg. Je prends ce que je juge être une proposition intelligente qui permet de créer de l'emploi et de surcroît, dont les modèles économiques seront beaucoup plus vertueux sur le plan de l'environnement".
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