Les spéculations autour de la date du retour de Nicolas Sarkozy vont bon train. Dans la presse, on peut lire "entre le 10 et le 17 septembre", ou encore "entre le 15 et le 20". Il faut dire que l'agenda de ce "come-back" a été assez contrarié. Du coup, le sujet vire à l'arlésienne.
Tout le monde parle de l'ancien chef de l'État, mais personne ne le voit. Avant l'été, on entendait : "Attendez-vous à savoir à la rentrée". On allait en avoir pour notre argent. On a même eu droit, à la "une" de Paris-Match, à la photo de Nicolas et Carla à scooter, puis à un entretien sur les goûts littéraires de l'ancien Président. Dans le camp Sarkozy, on préparait la "séquence"...
Et puis, boum ! Alain Juppé a tiré le premier, en confirmant qu'il était candidat à la primaire. Il y a eu ensuite le remaniement, puis le PS à La Rochelle. Il y a eu trop de bruit ces derniers jours. Sur le plan de la communication, Nicolas Sarkozy fonctionne en unité de bruit médiatique (UBM). Quand ça fait trop de bruit ailleurs, ce n'est pas le moment.
Depuis, les sarkozystes tournent en rond en se demandant quelle est la bonne fenêtre de tir. Ils espèrent mi-septembre et font savoir que tant pis si François Hollande organise sa conférence de presse le 18 septembre. De toute façon, les proches de l'ancien Président vous expliquent que, quelle que soit la situation, "Nicolas Sarkozy sera toujours dans un rapport frontal avec François Hollande". On installe le duel.
Cet été, comme d'habitude, Nicolas Sarkozy a reçu quelques amis. À chacun, il a demandé : "Alors, toi, qu'est- ce que tu en penses ?". L'ami a répondu : "Pour toi, je n'ai pas envie que tu y ailles. Mais pour le pays, pour la France, j'ai envie que tu y ailles".
Il n'y a pas un proche de Nicolas Sarkozy qui ne vous fait pas l'article sur : "Sa principale question, c'est: quelles solutions peut-il apporter ? Il s'interroge : est-ce que le pays est prêt à accepter des réformes essentielles pour sortir de la crise ? Il se demande s'il peux régler les problèmes de la France".
On nous explique que Nicolas Sarkozy a le nez plongé dans des études. Il étudie tout : par exemple, le gros dossier de la Sécurité sociale et la façon de la réformer. On nous parle de ses hésitations, de ce choix lourd et de ses questions qui reviennent sans arrêt. Est-ce que la France est réformable ? Les Français sont prêts à le suivre ?
Nicolas Sarkozy au chevet de la France : c'est tout ce que les sarkozystes veulent qu'on achète. En politique, on appelle cela du "story telling" : l'histoire politique que l'on veut écrire et que l'on veut raconter aux Français.
L'idée, c'est de construire dans l'imaginaire collectif l'image du sauveur. Il ne s'agit pas seulement, vous l'avez compris, de retomber dans la marmite UMP, mais bien de devenir une sorte d'homme du 18 juin.
On sait que Nicolas Sarkozy en a envie. On veut nous faire croire que c'est par devoir. On nous refait le coup de l'homme providentiel. Encore faut-il pour ça n'être entravé ni par ses meilleurs ennemis de l'UMP, ni par les affaires, et accessoirement rencontrer la Providence !