Manuel Valls est au cœur de la polémique qui oppose Mediapart à Charlie Hebdo (pour rappel, Mediapart accuse Charlie Hebdo de "faire campagne contre les musulmans" ; Charlie Hebdo rétorque que ces propos sont des "appels au meurtre"). Dans cette guerre des gauches, l'ancien premier ministre a pris le parti du journal satirique. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne mâche pas ses mots. Va-t-il trop loin ? Manuel Valls va toujours très loin dès lors que l'on s'attaque à la laïcité, dès lors qu'on laisse la porte ouverte à l'islamisme radical. C'est vrai que ses paroles son brutales. Quand il dit qu'il veut faire "rendre gorge" à Edwy Plénel et Médiapart, c'est féroce, c'est glaçant.
Mais c'est viscéral chez lui. Il le dit encore dans le journal Le Parisien daté 17 novembre : "Ce n'est pas de la virulence, c'est un combat vital". Sur les valeurs, il est intraitable, jusqu'au-boutiste. Et il ne surjoue pas, ce n'est pas un rôle de composition. Souvenez-vous de son combat contre Dieudonné. Il voulait dissoudre Dieudonné. Comme il veut aujourd'hui dissoudre Plenel. Il l'a dit d'ailleurs : "Je veux l'écarter du débat public. Souvenez-vous, il y a quelques semaines, de sa prise de bec avec Jean-Luc Mélenchon, l'un traitant l'autre de "nazi", l'autre accusant l'un d'"islamo-gauchiste".
Manuel Valls mène une guerre
Alba Ventura
Ses détracteurs disent qu'il hystérise le débat. Manuel Valls mène une guerre. Il la menait avant, mais plus encore depuis les attentats. Au plus fort de la crise, au moment des attaques terroristes, c'est lui au gouvernement qui avait incarné le plus fort la sécurité, l'autorité, la fermeté. Il il appelle d'ailleurs le Président Macron "à parler fort" sur ces sujets. Il considère aujourd'hui qu'il faut continuer à s'acharner à combattre toute forme de complaisance à l'égard du communautarisme, de l'islamisme, de l'antisémitisme, à l'égard de tout accommodement. Ne rien laisser passer, ne pas avoir peur de dire les choses. Au risque d'apparaître brutal.
Cela ne risque-t-il pas de le marginaliser ? Lui ne le croit pas en tout cas. Il a même confié à des journalistes du journal Le Monde qu'il se verrait "bien revenir au gouvernement". C'est son côté Sarko : il ne peut se résigner à n'être plus rien parce qu'il pense qu'il peut être utile. D'une certaine manière, cette guerre qu'il mène, aucun autre à La République En Marche ne la mène (même s'il n'est qu'apparenté au parti d'Emmanuel Macron).
Cela lui permet de retrouver de l'audience. Il occupe un espace. Dans la gauche dite "modérée", il existe comme le seuil artilleur du fondamentalisme. Manuel Valls, qui n'est pas fait pour les temps calmes, imagine sans doute qu'un jour le Président aura besoin de lui, de ce qu'il incarne : l’autorité, la fermeté, l'intransigeance. Ce n'est aujourd'hui pas du tout d'actualité.