Elle est la première à avoir parlé contre Tariq Ramadam. Le 20 octobre dernier, Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, a déposé plainte à l'encontre de l'islamologue et théologien suisse pour "des faits criminels de viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation".
La présidente de l'association Libératrices avait indiqué sur sa page Facebook avoir été "victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années", mais n'avoir pas alors voulu révéler le nom de son agresseur en raison de "menaces de sa part". Dans son livre J'ai choisi d'être libre, paru en novembre 2016, elle a décrit cet homme sous le nom de Zoubeyr, narrant un rendez-vous dans sa chambre d'hôtel à Paris où cet intellectuel musulman venait de donner une conférence en marge d'un congrès de l'Union des organisations islamiques de France en mars 2012.
Avec la vague de libération de la parole féminine, Henda Ayari a, à son tour, levé le voile sur son histoire confirmant dès lors l'identité de son bourreau, depuis mis en congé de l'Université d'Oxford où il enseigne. Mais depuis ces révélations, cette quadragénaire a subi une vague d'insultes et de menaces sur les réseaux sociaux notamment, explique Le Figaro ce jeudi 9 novembre.
Si ma voix peut aider alors je ne me serai pas fait insulter et menacer pour rien
Henda Ayari
Face à cela, une plainte devrait même être déposée contre les cyber-harceleurs. "Je reçois des centaines de messages insultants depuis quinze jours. Des coups de fil anonymes, des coups de sonnette intempestifs chez moi... Ils vont jusqu'à faire de faux profils avec mes photos pour salir ma réputation", raconte-t-elle au quotidien.
Malgré cette nouvelle violence, Henda Ayari ne regrette pas d'être sortie de son silence. "J'ai confiance en la police et la justice de mon pays. Si ma voix peut aider d'autres femmes et leur donner le courage de parler, elles aussi, alors je ne me serai pas fait insulter et menacer pour rien…", clame-t-elle, dans l'espoir que ce tabou se brise définitivement. "La peur doit changer de camp, et la honte aussi : normalement, les violeurs doivent aller en prison, et non plus être placés sur un piédestal".