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VIDÉO - Daesh : dans une prison syrienne avec les jihadistes

REPORTAGE - 5.000 jihadistes de Daesh s'entassent dans une prison au nord-est de la Syrie. Un endroit ultra-sécurisé, tenu secret, dans lequel RTL a pu se rendre.

Les malades sont soumis aux même règles que les autres détenus. Aucune sortie, aucune information ne vient de l'extérieur. Leur seul avantage c'est d'avoir des fenêtres. Crédit : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau
Emilie Baujard & Jonathan Griveau

Des gardes masqués nous accueillent et nous mènent devant une des cellules. Il y a une petite ouverture dans la porte. L’odeur qui se dégage est à peine supportable. Dans cette pièce de 12m2, sans lumière du jour, 44 détenus dorment les uns sur les autres

Un homme vient vers nous, barbe courte et capuche sur la tête. "Il y a les poux, la gale, ce sont des conditions infernales. On ne voit même pas le soleil une fois par semaine, et la nourriture n'est saine non plus". Cet homme de 65 ans est Tunisien. Il est enfermé ici depuis la chute de l’Etat islamique il y a presque un an. Comme beaucoup d’autres, il dit n’avoir jamais combattu, il assure qu’il tenait simplement un commerce à Raqqa. 

Mais Ali, le responsable des surveillants, n’y croit pas une seconde. "S’ils étaient tous des civils alors qui était de Daesh ? C’est n’importe quoi ! Ces hommes ne sont pas là par hasard. Nous avons mené l’enquête, récupéré sur les réseaux sociaux des vidéos des photos de leurs exactions. On sait qui ils sont."

Des gardes masqués inspectent la section "hôpital" de la prison.
Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau | Date : 11/02/2020
350 djihadistes malades sont regroupés dans cette grande pièce
Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau | Date : 11/02/2020
Les malades sont soumis aux même règles que les autres détenus. Aucune sortie, aucune information ne vient de l'extérieur. Leur seul avantage c'est d'avoir des fenêtres.
Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau | Date : 11/02/2020
Cellule numéro 1. 44 détenus dans 12m2. Les prisonniers s'entassent, il n'y a qu'un seul sanitaire pour eux tous. Leurs affaires sont scotchées aux murs pour ne pas prendre de place au sol.
Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau | Date : 11/02/2020
Cellule numéro 1. 44 détenus dans 12m2. Les prisonniers s'entassent, il n'y a qu'un seul sanitaire pour eux tous. Leurs affaires sont scotchées aux murs pour ne pas prendre de place au sol.
Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau | Date : 11/02/2020
Cellule numéro 2 où une soixantaine de djihadistes dorment les uns sur les autres. Ils n'ont droit qu'à une sortie de 10 minutes par semaine dans la cour de la prison.
Crédits : RTL/Emilie Baujard/Jonathan Griveau | Date : 11/02/2020

On a besoin de savoir ce qu'on va faire de nous

Un détenu de la prison

Pour éviter toute mutinerie, les prisonniers ne savent pas que le chef de l’Etat islamique est mort, ni que la Turquie a lancé une offensive en octobre. Un détenu nous demande combien de temps il va rester ici. Nous n’avons pas le droit de lui répondre. 

"On a besoin de savoir ce qu’on va faire de nous. Ça va faire un an qu’on est ici. Il faut qu’on nous amène devant les tribunaux, qu’on nous juge ! Mais qu’on ne nous laisse pas comme ça. On veut des informations, même minimes ! Qu’on nous dise ce qu’il va nous arriver", crie-t-il. 

Des prisonniers blessés ou dénutris

À regarder

Au fond de la cellule, certains hommes sont très maigres, et ne bougent presque pas. Les plus malades sont tous regroupés dans une grande pièce. 350 prisonniers blessés ou dénutris. Parmi eux, un homme avec une couverture grise sur la bouche, qui lui sert de protection. "J'ai une fracture, j'attends d'être opéré. Pour nous c'est vraiment de la torture. Quelle que soit la raison pour laquelle nous sommes ici, nous avons des droits", affirme-t-il.

Les autorités kurdes ont annoncé récemment qu’elles pourraient commencer à juger tous ces djihadistes au printemps. Mais en attendant, ces 5.000 prisonniers restent à leur charge. Avec les risques d’évasion que cela comporte. D’autres prisons ont déjà été attaquées ces derniers mois.

Ce reportage réalisé par Emilie Baujard et Jonathan Griveau a reçu ce 10 octobre 2020, le 3e prix catégorie Radio au Prix Bayeux Calvados des correspondants de guerre.

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