Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan s'est offert une nouvelle polémique ce lundi 24 novembre en affirmant haut et fort, Coran à l'appui, que les femmes ne pouvaient être considérées comme les égales des hommes, provoquant l'ire de ses détracteurs.
Habitué depuis de longues années des sorties provocatrices, notamment sur la religion, le chef de l'Etat s'en est cette fois pris aux féministes devant un auditoire choisi, un parterre de femmes réunies à Istanbul sur le thème de... la justice et les femmes.
Notre religion a défini une place pour les femmes : la maternité.
Recep Tayyip Erdogan
"Notre religion a défini une place pour les femmes : la maternité", a-t-il lancé sans détour en ouvrant les débats. "Certaines personnes peuvent le comprendre, d'autres non. Vous ne pouvez pas expliquer ça aux féministes parce qu'elles n'acceptent pas l'idée-même de la maternité", a poursuivi le chef de l'Etat, très applaudi pendant son discours.
Sur sa lancée, le chef de l'Etat a assuré que les deux sexes ne pouvaient pas être traités de la même façon "parce que c'est contre la nature humaine". "Leur caractère, leurs habitudes et leur physique sont différents [...] vous ne pouvez pas mettre sur un même pied une femme qui allaite son enfant et un homme", a-t-il insisté.
Vous ne pouvez pas demander à une femme [...] de sortir et de creuser le sol, c'est contraire à [sa] nature délicate.
Recep Tayyip Erdogan
"Vous ne pouvez pas demander à une femme de faire tous les types de travaux qu'un homme fait", a également estimé le président Erdogan, "vous ne pouvez pas leur demander de sortir et de creuser le sol, c'est contraire à leur nature délicate".
Le parti d'Erdogan, qui dirige la Turquie sans partage depuis 2002, est régulièrement accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire et de vouloir islamiser la société turque, notamment en limitant les droits des femmes.
Sans surprise, sa nouvelle sortie a suscité de violentes réactions, à commencer par celles du principal parti d'opposition. "Erdogan a publiquement commis un crime d'incitation à la haine", a jugé une députée du Parti républicain du peuple, l'accusant d'avoir "ostracisé" les femmes.
Une présentatrice de la chaîne de télévision Kanal D a profité d'un bulletin d'information pour riposter en direct aux propos présidentiels. "Je suis féministe mais, Dieu merci, je suis aussi une maman", a-t-elle lancé.
L'actuel président a suscité à de multiples reprises la colère des mouvements féministes en tentant de limiter, sans succès, le droit à l'avortement et en recommandant aux femmes d'avoir au moins trois enfants.
Les associations de défense des femmes, de leur part, dénoncent systématiquement les sorties jugées sexistes du gouvernement, qu'elles accusent d'encourager les violences conjugales. Selon elles, plus de 200 femmes ont été tuées en Turquie par leur mari ou leur compagnon depuis le début de l'année.