Les nouvelles révélations de l'ONG Human Rights Watch arrivent comme un cheveu sur la soupe mardi 16 décembre, au moment où les puissances occidentales opèrent un rapprochement avec le régime de Damas pour lutter contre l'État islamique en Syrie.
Yeux arrachés, corps décharnés et des centaines de cadavres gisant dans un hangar au milieu de sacs plastiques. C'est ce que montrent les clichés glaçants de "César". Cet ex-photographe de la police militaire syrienne a fait défection en 2013. Dans sa fuite, il a emporté près de 53.000 photographies de corps torturés dans les prisons du régime syrien. Depuis près de 9 mois Human Rights Watch en a étudié plus de la moitié.
"Nous avons méticuleusement vérifié des dizaines de récits et nous sommes certains que les photographies de César sont des preuves authentiques et accablantes de crimes contre l'humanité en Syrie", affirme Nadim Houry, vice-président de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Les témoignages sont ceux de proches de victimes identifiées, de prisonniers qui ont vu des personnes mourir en détention, mais aussi d'anciens gardiens de centres de détention ou hôpitaux militaires qui ont fait défection.
Parmi les victimes : Ahmad al-Musalmani, 14 ans. Arrêté en août 2012, alors qu'il tentait de passer la frontière libanaise pour assister à l'enterrement de sa mère. Il avait sur son portable une chanson anti-Assad. Son oncle l'a reconnu sur les photos. "Ce fut le choc de ma vie. Je l'ai cherché pendant 950 jours" a confié l'homme à Human Right Watch.
Ces photographies représentent une infime partie des personnes qui sont mortes
Nadim Houry, vice-président de Human Rights Watch
Selon Nadim Houry, "ces photographies représentent une infime partie des personnes qui sont mortes alors qu'elles étaient détenues dans les geôles syriennes. Des milliers d'autres subissent le même destin".
Le 20 janvier dernier, dans une interview donnée au magazine américain Forein Affairs, le président syrien, Bachar al-Assad, avait émis des doutes sur l'authenticité du dossier César : "N'importe qui peut apporter des photos et dire qu'il s'agit de torture. Ce sont des allégations sans preuve."
Le rapport de Human Rights Watch intervient à une période où les pays occidentaux, ne font plus du départ de Bachar al-Assad une priorité et concentrent leurs efforts dans la lutte contre le groupe Etat islamique.
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