Un air sibérien souffle aujourd'hui entre Paris et Moscou. En cause : l'annulation par le Kremlin de la visite de Vladimir Poutine à Paris le 19 octobre. Volontairement, l'Élysée est toujours resté flou sur le programme pour pouvoir l'adapter aux circonstances. Dans le meilleur des cas, Vladimir Poutine était reçu au palais avec le tapis rouge et le président l'accompagnait aux deux événements qui motivaient son déplacement : l'inauguration du centre spirituel et culturel orthodoxe russe et l'exposition Chtchoukine à la Fondation Louis-Vuitton.
Au vu du contexte en Syrie, François Hollande a commencé à hésiter. Ses états d'âme étalés en public ont eu l'art d'exaspérer Moscou. Est-ce utile, s'était interrogé François Hollande à la télévision au moment où la France fustige les crimes de guerre commis à Alep, écrasée par les bombes du régime syrien et de l'aviation russe.
Enfin, le veto du Kremlin à l'Onu (le cinquième dans le conflit syrien) demandant l'arrêt des bombardements a cristallisé les tensions le 8 octobre. Résultat : Moscou claque la porte. L'Élysée proposait une visite de travail sur la Syrie, à l'exclusion de tout autre événement. En clair, on parlait à Poutine mais on ne l'honorait pas. Le niet ne s'est pas fait attendre avec un communiqué plutôt ironique. "Poutine rencontrera Hollande quand le président français se sentira à l'aise pour le voir".
Conséquence directe de cette crise : Alep replonge depuis ce 11 octobre dans l'enfer des raids aériens russes. L'armée syrienne a déclenché le 22 septembre une offensive d'envergure sur la deuxième ville de Syrie dans l'espoir de reconquérir les quartiers contrôlés par la rébellion depuis 2012 et assiégés depuis plusieurs mois.
Ce n'est pas la première fois que la politique étrangère du Kremlin met la France dans l'embarras. L'éclatement de la crise ukrainienne l'avait obligée, après des mois de tergiversations, à annuler la livraison de deux navires de guerre Mistral. Ce qui n'a pas empêché les deux présidents de continuer à se voir, et surtout à se téléphoner : pas moins de 25 fois l'an dernier. Le dialogue n'a jamais été rompu.
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