Procès Khadjia : où est en l'affaire qui secoue le Maroc ?
Onze des douze hommes accusés d'avoir séquestré et violé une adolescente marocaine ont été entendus par le juge d'instruction.

C'est un procès qui pourrait marquer un tournant dans l'histoire du Maroc. Onze des douze hommes, accusés d'avoir séquestrée et violée Khadjia, 17 ans, ont été entendus ce jeudi 6 septembre par un juge d'instruction marocain. Les auditions se sont tenues dans une ambiance très tendue, a rapporté Ibrahim Hachane, l'avocat de la plaignante dont le calvaire a fait le tour des réseaux sociaux au-delà même du Maroc.
Les prochaines auditions ont été fixées au 10 octobre, date à laquelle les accusés ainsi que la plaignante seront entendus par le juge d'instruction. Un des proches de Khadija s'est dit "inquiet pour sa sécurité et celle de sa famille", affirmant à l'AFP qu'elle subissait "pressions et intimidations", évoquant des "effets sur son état psychologique".
Retour sur une affaire qui a ému tout un pays et pourrait, selon des association, permettre aux crimes sur les femmes de ne plus être impunis, comme le raconte à France 24 Omar Saadoun, acteur social de Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse.
#NousSommesTousKhadija
Dans une vidéo diffusée le 21 août de façon virale sur Internet, Khadija raconte avoir été kidnappée, séquestrée, violée et martyrisée pendant deux mois par des jeunes hommes issus de son village, dans le centre du Maroc.
Dans son témoignage filmé, Khadija montre des tatouages obscènes et des traces de brûlures de cigarettes sur son corps, que lui aurait infligé ses agresseurs. Il n'en fallait pas plus pour qu'une vague de solidarité s'exprime dans le pays et sur les réseaux sociaux.
Le hashtag #NousSommesTousKhadija accompagné d'un dessin de femme nue, tatouée, le visage barré d'un "SOS" a fait le tour des réseaux sociaux et une pétition demandant "justice pour elle" a récolté 115.000 signatures.
Un sujet sensible au Maroc
Douze des agresseurs présumés de Khadija ont été placés en détention préventive avec différents chefs de poursuite, allant de "traite d'être humain sur mineure", "viol", "torture et usage d'arme causant des blessures et séquelles psychiques", "constitution d'une bande organisée, enlèvement et séquestration" et "non-assistance à personne en danger".
Évoquant le cas de l'adolescente, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a déploré mercredi 5 septembre "l'absence d'un système intégré de protection de l'enfance au Maroc".
Le nombre d'affaires de viols traitées par la justice marocaine a doublé en 2017, passant de 800 en moyenne à 1.600. Ce crime est doublement douloureux pour les victimes, souvent considérées comme les premières coupables par une société empreinte de valeurs traditionnelles.
Le sujet est d'autant plus sensible dans le royaume qu'il fait écho à de précédents faits divers ayant ému l'opinion, impliquant des adolescentes dans des villages pauvres du pays.