Un nouveau bras fer s'engage entre la France et la Russie. L'Hexagone a deux semaines, soit jusqu'à la fin du mois de novembre, pour livrer un premier navire de guerre Mistral à la Russie, si elle ne veut pas s'exposer à de "sérieuses" demandes de compensation. Ainsi, Vladimir Poutine tente de resserrer l'étau autour de la France à la veille d'une rencontre avec François Hollande, lors du G20. Si la vente des Mistral est annulée, la Russie pourrait compliquer leurs reventes auprès d'autres pays, puisque les navires disposent de matériaux russes.
Les Mistral sont des bateaux qui sont des bâtiments de projection et de commandement. Ils ont été vendus par la France à la Russie en juin 2011 pour la somme de 1,2 milliard d'euros. Mais depuis la crise ukrainienne, ces navires sont au centre d'un imbroglio diplomatico-militaire, car François Hollande avait pris la décision de lier leur livraison au règlement politique de la situation en Ukraine.
La crise ukrainienne et la controverse autour des Mistral risquent de peser lourd dans les débats au G20, un forum habituellement dominé par les questions économiques entre des pays représentant 85% de la richesse mondiale. C'est donc un vrai casse-tête pour la France qui doit faire face aux pressions exercées par les pro et les anti-livraison. "Quelle que soit notre décision, la moitié du monde nous insultera", admet un conseiller de l'Élysée.
De son côté, la Russie s’impatiente de plus en plus. Le premier Mistral devait être livré ce vendredi 14 novembre. A cette occasion, les constructeurs avaient prévu d'organiser une cérémonie en grande pompe à Saint-Nazaire. Un cafouillage qui a coûté à Yves Destefanis, son poste de directeur du projet. Le gouvernement a aussi été contraint de préciser que les conditions n'étaient toujours pas requises pour une livraison.
Livraison, nouveau report ou annulation ? François Hollande devra trancher lors du G20. Si la dernière option est choisie, cela pourrait coûter 2 milliards d'euros à la France. De plus, le pays se retrouvera encombré par ces deux navires.
Autre élément qui pourrait peser en défaveur de la France : une partie de la coque du bateau a été construite à partir de composants russes. Il faudrait donc leur accord pour vendre les Mistral à d'autres potentiels acquéreurs.
La Russie devrait recevoir un accueil crispé lors du sommet du G20 puisque les relations entre la Russie et le pays organisateur, l'Australie, se sont brusquement dégradées depuis le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines en juillet dans une zone contrôlée par des rebelles pro-russes dans l'est de l'Ukraine, faisant 298 morts parmi lesquels 38 Australiens.
Ne mâchant pas ses mots à l'égard de Vladimir Poutine concernant cette catastrophe aérienne, Tony Abbott lui a demandé de "faire son mea culpa". L'avion a été abattu par un missile fourni par la Russie, selon l'Ukraine et les Occidentaux, ce que Moscou dément en montrant du doigt les troupes de Kiev.
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