La Corée du Nord détaille son projet de tirs de missiles vers l'île de Guam
Le pays de Kim Jong-un semble déterminé à mettre son plan à exécution, ce qui pourrait être une façon de tester la stratégie américaine.

La Corée du Nord n'a que faire des sommations de Donald Trump. Vingt-quatre heures après les déclarations détonantes du président américain promettant "le feu et la colère" et soulignant que l'arsenal nucléaire américain est "plus fort et plus puissant que jamais", Pyongyang a surenchéri dans sa menace de frapper à proximité des bases des États-Unis situées sur l'île de Guam. Jeudi 10 août, le régime nord-coréen a détaillé son projet, consistant à faire usage de quatre missiles au-dessus du Japon.
Ce plan visant un avant-poste stratégique des forces américaines sur la route de l'Asie, constituera "un avertissement crucial aux États-Unis", a prévenu la Corée du Nord. Car d'après elle "seule la force absolue" aura un effet sur le président américain. En juillet, le régime totalitaire a mené deux tirs réussis de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), mettant une bonne partie du continent américain à sa portée.
Concrètement, la Corée du Nord assure qu'elle prévoit de tirer simultanément ses quatre missiles. Ils voleront pendant "17 minutes et 45 secondes sur une distance de 3.356,7 km". Ils s'écraseront alors en mer, à 30 ou 40 kilomètres de Guam, de façon à s'abattre à l'extérieur des eaux territoriales américaines. Cela pourrait être une façon d'expliquer que leur projet est "conforme au droit international", selon le professeur Yang Moo-Jin, de l'université des Études nord-coréennes de Séoul.
Washington pourrait jouer gros
Durant leur trajet, les engins survoleraient les préfectures japonaises de Shimane, Hiroshima et Koichi. Le Japon a cependant fait savoir par le passé qu'il était prêt à détruire tout missile menaçant son territoire. L'armée nord-coréenne affirme qu'elle apportera les touches finales à son projet contre Guam d'ici la mi-août et le soumettra pour évaluation au leader Kim Jong-un.
Guam, située dans le Pacifique-ouest, à quelque 3.500 km de la Corée du Nord, compte des installations stratégiques américaines (bombardiers lourds à longue portée, chasseurs et sous-marins) qui participent régulièrement à des démonstrations de force sur et près de la péninsule coréenne, à la grande fureur de Pyongyang. L'île, où vivent 162.000 habitants, est également équipé d'un bouclier anti-missiles.
D'après les analystes, les États-Unis se trouvent dans une situation inconfortable d'un point de vue de la stratégie militaire. Si Washington laisse les missiles s'écraser, sa crédibilité pourrait en prendre un coup et donner des ailes à Pyongyang. Si une interception est tentée, mais qu'elle échoue, l'efficacité des systèmes de défense serait grandement remise en cause.